Boîte aux lettres

L’impossible arrêt des centrales nucléaires

Réflexions inspirées des informations données dans le « 20 minutes » du lundi 12 mars 2012 sous le titre « L’exploitant de Beznau veut prolonger sa durée de vie ».

Au lendemain de l’arrêt du Tribunal Fédéral décrétant la fin de l’exploitation de la centrale de Mühleberg en 2013, Heinz Karrer, le directeur d’AXPO qui exploite la centrale de Beznau déclare : «Nous investissons dans la sécurité bien au-delà de 2020. Nous ferons tout pour réussir le prochain contrôle de l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire, prévu cette année-là».

   La centrale de Beznau est la plus vieille centrale nucléaire en activité dans le monde.

   Heinz Karrer s’oppose également à l’instauration d’une date butoir, réclamée par plusieurs personnalités politiques. Il déclare : «Cela peut avoir des conséquences graves. Car plus on approche de la date de fermeture, plus on hésitera à investir. Ce n’est pas optimal pour la sécurité».

   Cette dernière déclaration est sidérante ! Ainsi, si une centrale doit fermer dans un avenir déterminé, on pourra limiter les dépenses devant permettre de maintenir son niveau de sécurité. En effet, dans la logique écono-technocratique, de tels investissements, consentis peu de temps avant la fermeture de la centrale, deviennent de pures pertes. Advienne que pourra. Cette logique est effrayante.

   On savait déjà que la filière nucléaire repose sur une réalité physique incroyablement banalisée : on ne produit de l’énergie qu’à condition de fabriquer des substances radioactives potentiellement dangereuses pour la planète entière et dont on ne peut se débarrasser. On découvre aujourd’hui que le nucléaire ne tient que si son horizon d’existence n’est pas limité. C’est une perpétuelle fuite en avant. Si une centrale est source de dangers durant sa période de fonctionnement, son arrêt définitif fait peur. Il présente des risques encore mal connus et les coûts de démantèlement sont difficiles à préciser. La centrale ne rapportera plus rien et les réserves destinées à ce démantèlement seront probablement insuffisantes. De plus, le problème des déchets deviendra soudainement plus aigu. Bref, pour l’exploitant, la fin d’une centrale nucléaire est un véritable cauchemar. Pas étonnant qu’il veuille repousser cette fin aux calendes grecques… en esquivant la dure réalité de l’impasse dans laquelle nous a conduit la confiance en une technologie sensée tout résoudre.

 

Jean-Claude Noverraz

1613 Maracon

 


rectificatif

Dan Gallin, lecteur attentif et ancien dirigeant de l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation (UITA), a repéré
une erreur de nom dans l’article sur
la grève générale en Inde (no 205).
Voici sa rectification :

 

«Le Hind Mazdoor Sabha (HMS) n’est pas un syndicat jaune, mais la centrale syndicale fondée en 1948 par le Parti socialiste au moment de sa scission du Parti du Congrès. Le PS n’existe plus en tant que tel, mais le HMS reste un syndicat socialiste. La centrale syndicale du Bharatiya Janata Party (parti hindouiste d’extrême droite) est le Bharatiya Mazdoor Sangh (BMS). » 7

 

 

Dan Gallin