Silvia, femme exilée, femme engagée

Le « Prix femme exilée, femme engagée », initié par la militante des droits humains Alba Viotto et soutenu par la Ville de Genève, honore solennellement des femmes migrantes et permet ainsi de percer le mur de la méconnaissance et de l’indifférence.

Lors de sa onzième, et probablement dernière édition ont été honorées :  Fatmira Ahmetaj,   ancienne requérante d’asile qui a créé à Sierre une académie albanaise pour diffuser la langue et la culture de son pays d’orgine tant aux exilé·e·s qu’aux Helvètes, Patricia Marin qui a fui la Colombie et à peine arrivée en Suisse a recommencé à travailler dans l’information audio-visuelle et créé le media multiculturel CarrefoursTV (voir les films sur le site www.carrefourstv.ch) et enfin Silvia Marino-Mamani, déjà bien connue des militantes genevoises, en tant que porte-parole du Collectif des travailleurs et travailleuses sans statut légal à Genève. Ce collectif avait d’ailleurs reçu le Prix réservé aux associations en 2005.

 

     Silvia, enfant d’une famille de mineurs indiens de Bolivie, s’est d’abord battue contre les discriminations pour avoir le droit d’aller à l’école, puis au collège jusqu’au bac. Mais la pauvreté l’a contrainte à l’exil. A 19 ans, elle est arrivée à Genève, « avec 50 dollars en poche et un pyjama pour tout bagage ». Travailleuse sans statut légal, elle a suivi les cours de français à l’UOG, a vécu le traumatisme de l’arrestation et a milité avec les syndicats et les groupes de femmes avec un courage extraordinaire. Ce 26 mars, encore, bien que sortie de la clandestinité, elle a fait de son allocution de remerciement un acte politique. Le public était certes acquis, sauf, peut-être, le maire de Genève, candidat PLR au Conseil d’Etat. Il ne peut pas ne pas l’avoir entendue…          

 

Maryelle Budry