Défendre la révolution tunisienne

Seize mois après le début de la révolution, les mobilisations sociales se poursuivent sur la base des revendications qui ont mis le feu aux poudres. Pourtant, les islamistes au pouvoir et leurs concurrents libéraux du RCD, qui relèvent la tête, avec l’appui des puissances impérialistes, et des Etats arabes les plus réactionnaires, veulent imposer leurs solutions, aux dépens des droits démocratiques et sociaux de la grande majorité de la population.

 Cest pourquoi, l’Union des diplômés chômeurs ne cesse d’appeler à des manifestations de rue et à des sit-in, tous réprimés par la police. De même, la marche des chômeurs·euses, de Sidi Bouzid à Tunis, s’est heurtée à de violentes charges de police, avec des arrestations et des blessés. Enfin, le mouvement des blessés de la révolution, auquel les autorités n’accordent aucune attention, a appelé à un sit-in dans les locaux du Ministère des droits humains et de la transition démocratique, qui a été aussi réprimé. Dans de telles conditions, on peut comprendre l’inquiétude des femmes devant les appels à la mise en cause du « code du statut personnel » qui leur garantit le droit de vote, l’interdiction de la polygamie, le partage de l’autorité parentale, le droit à l’avortement, etc. Heureusement, grâce à la mobilisation, celui-ci a été finalement reconnu comme une loi fondamentale.

 

     La révolution a eu un caractère démocratique essentiel, puisqu’il s’agissait de renverser un régime dictatorial qui n’a pas hésité à tuer plusieurs centaines de personnes en quelques mois pour rester en place. Or, le gouvernement réprime les manifestations actuelles et n’a pas hésité à interdire pendant deux semaines tout rassemblement sur l’avenue Habib Bourguiba, lieu symbolique des protestations populaires à Tunis. Ainsi, le 25 mars, journée mondiale du théâtre, de nombreux artistes ont été agressés par la police et par les islamistes, qui appelaient au meurtre sans être inquiétés. Le 9 avril, journée nationale des martyrs, le cortège en hommage aux morts et blessés de la révolution, mais aussi pour le droit de manifester, a été réprimé par la police, avec la complicité des milices islamistes qui ont agi en toute impunité. Ainsi, la défense des droits démocratiques reste une préoccupation essentielle du mouvement social et des révolutionnaires.

            Sur le plan social, c’est l’horreur : le coût de la vie et le nombre de sans travail ont explosé. Pourtant l’Etat continue à garantir le service de sa dette odieuse. De surcroît, tandis que rien n’est fait pour les plus pauvres ou pour les blessés de la révolution, des sommes importantes sont dépensées pour dédommager les islamistes qui ont purgé des peines de prison sous la dictature. Contre de telles dérives, la centrale syndicale (UGTT) et les Diplômés chômeurs organisent actuellement des grèves sectorielles – dans la santé, les transports, l’enseignement et le textile. En même temps, les luttes syndicales se raniment dans le bassin minier de Gafsa et à Sidi Bouzid (deux jours de grève générale dans la seconde semaine d’avril). Ceci montre que le potentiel de lutte du mouvement des travailleurs (occupés ou non) reste important. Dans de telles circonstances, la Gauche ouvrière défend une convergence des mobilisations pour faire émerger une alternative politique et sociale crédible autour de l’UGTT. Nous reproduisons ci-contre l’essentiel de son appel.

 

Anis Mansouri