Les «pro-vie» agitent leur intégrisme à Zürich

Depuis trois ans, les chrétiens intégristes de tout poil se donnent rendez-vous à Zürich pour s’opposer au droit à l’avortement dans ce qu’ils appellent une « marche pour la vie ». Cette année, la manifestation prenait une signification spéciale du fait de son insertion dans la campagne de l’initiative populaire visant à sortir l’IVG des assurances maladie de base.

Cette dernière initiative a permis de révéler au grand jour, pour ceux qui l’ignoraient, que des milieux catholiques réactionnaires possèdent toujours une assise certaine en Suisse, au point donc de parvenir à déposer une initiative populaire fédérale. On pouvait même se demander si la « marche pour la vie » de cette année n’allait pas prendre des allures de manifestation officielle de campagne. Il n’en fut rien et les pro-vie se montrèrent une fois de plus sous leur vrai jour : quelques intégristes. Ils furent environ mille, malgré le renforcement du cortège par des organisations d’autres pays, notamment polonaises.

 

            Néanmoins, il serait faux d’interpréter cette présence réduite lors du cortège comme le signe d’une faiblesse organique des mouvements réactionnaires, notamment religieux, en Suisse. La votation à venir sur cette initiative sera une lutte contre ces idées nauséabondes qui refont surface et dont les « marches pour la vie » ne forment que la pointe de l’iceberg. Une pointe qui est le signe d’une idéologie désormais décomplexée qui s’affiche fièrement dans l’espace public depuis trois ans et qui souhaite réorganiser une telle marche cette même année. Sous le couvert de principes économiques ou directement moraux, ils entendent s’attaquer aux droits des femmes de pouvoir librement disposer de leur corps et choisir quand avoir un enfant ou non. Les arguments économiques ne sont que des prétextes pour s’attaquer à l’émancipation des femmes dont les conséquences sont d’autant plus injustes qu’elles toucheront plus durement les personnes à faible revenu. Face à des démonstrations telles que ces « marches pour la vie », il est important d’affirmer notre opposition. C’est ce qu’ont fait à raison les milieux autonomes en organisant une contre manifestation pour le droit à l’avortement. Mais face à une question aussi déterminante, l’heure est à l’union dans la lutte. Les pro-­avortements ne doivent pas apparaître comme un miroir de ces quelques intégristes mais s’affirmer dans des rassemblements importants. C’est une des tâches actuelles des mouvements féministes, la marche mondiale des femmes organisant une journée d’action globale pour le droit à l’avortement
le 28 septembre. 

 

Pierre Raboud