Hystérie sécuritaire

Hystérie sécuritaire : La municipalité lausannoise censure

La nécessité de serrer la vis et l’exigence sécuritaire semblent être devenues l’horizon indépassable de la politique vaudoise. Au point de remettre au gout du jour la censure en interdisant préventivement un concert punk dans le cadre du LUFF.

Le parti socialiste ne sait plus quoi inventer pour donner des preuves de son sérieux face à la question sécuritaire, même s’il n’existe plus grand monde pour en douter. Face aux troubles nocturnes, il a su dégainer des propositions répressives à peine saupoudrées de quelques mesures de politique de prévention. C’est l’ensemble de la municipalité qui semble être tombée dans une véritable hystérie. Au point d’en venir à une censure des plus réactionnaires. Qu’une manifestation culturelle puisse se voir interdite sans raison est une chose qu’on ne pensait plus possible. Il faut croire que la municipalité n’est pas avare en absurdité quand il s’agit de sévir. 

Comment ce qui ne devait être qu’une formalité s’est transformé en interdiction ? Si le LUFF (Lausanne Underground Film and Music Festival) est en effet un événement subversif dans les thèmes qu’il traite et les œuvres qu’il propose, il jouit en même temps d’une reconnaissance internationale indéniable du fait de la qualité et de l’originalité de sa programmation. Ce que la ville a toujours reconnu, notamment en subventionnant le festival. Il ne s’agit donc pas ici d’un concert de punk dans un squat, le concert devant avoir lieu dans la très respectable salle des fêtes du casino de Montbenon. Il est important de le signaler, non pas parce que cet autre cas de censure aurait été moins grave mais pour situer le niveau d’absurdité de cette censure et mettre définitivement de côté les arguments d’insalubrité des lieux, souvent utilisés dans ce genre de politique répressive des lieux festifs. 

 

L’anarcho-punk pas le bienvenu

 

Qu’est-ce qui a alors pu taper dans l’œil de la municipalité ? Qui est ce groupe qui l’effraie tant ? Son nom Oi Polloi, l’ironie faisant bien les choses, signifie « les masses ». Oi Polloi met en avant ses positions politiques dont la ligne idéologique se situe dans un anarchisme anticapitaliste, antifasciste, à forte dimension écologiste. S’il ne s’agit pas d’idéaliser le discours d’un tel groupe pas forcément si clair que ça, une telle ingérence politique face à la diversité culturelle est injustifiable. Que signifie au fond cette censure presque anecdotique ? Que la vague autoritaire actuelle balaie l’ensemble du champ social et que le combat contre la criminalité et l’insécurité se transforme rapidement en refus de tout ce qui exprime une opposition, et en particulier les forces de gauches. Avec une municipalité plus pressée d’étouffer des formes de culture alternative que de s’attaquer aux milieux qui font leur profit sur les nuits d’excès lausannoises, j’ai nommé les clubs, bien contents de ne souffrir d’aucun lieu où les boissons seraient moins chères et l’accueil moins sélectif.

 

Pierre Raboud