Un référendum indispensable

Un référendum indispensable : Construire des crèches, au lieu de dégrader l'accueil

Après la manif réussie du 16 mai devant le Grand Conseil, le référendum est lancé contre la dégradation des conditions d’accueil dans les crèches! solidaritéS Genève s’engage dans cette bataille aux côtés des associations du personnel, des syndicats, mais aussi de groupes de parents.
Nos lecteurs et lectrices genevois trouveront ci-joint une carte-réponse à remplir et renvoyer au plus vite! 

 

Malgré des années de mobilisation du personnel et de parents contre le démantèlement des normes d’encadrement dans les institutions genevoises de la petite enfance, une majorité réactionnaire du Grand Conseil (PLR+UDC+MCG) a voté, à la suite d’une proposition PDC, des modifications dégradant gravement la qualité de la prise en charge des enfants dans les crèches.

Cette nouvelle loi vise à:

— réduire de 25 % le nombre d’adultes présents par groupe d’enfants?;

— réduire la part de personnel diplômé?;

— instituer un des plus mauvais taux d’encadrement en Suisse?;

— abaisser les exigences de la CCT dans les crèches privées (dumping salarial).

 

La loi n’est pas une solution à la pénurie

Il manque actuellement environ 2000 places de crèche dans le canton: une demande sur deux n’est pas satisfaite ! Cette pénurie est inacceptable, d’autant que la population genevoise a voté en juin 2012 pour inscrire dans la Constitution le droit à une place d’accueil de jour pour tout enfant en âge préscolaire. Cette pénurie rend difficile l’organisation des pères et des mères pour concilier vies professionnelle et privée?; dans les faits, elle contraint souvent les femmes à modifier leurs projets professionnels, le travail non rémunéré à la maison restant encore bien souvent assumé par des femmes.

Les partisans de la loi prétendent qu’elle permettra de créer plus de places de crèches et résorber la pénurie. C’est un leurre ! Il n’y a matériellement pas assez d’espace dans la plupart des crèches existantes pour accueillir davantage d’enfants. En effet, les normes prévoient 3 m2 par enfant, ce qui est un minimum ! Les murs ne sont pas extensibles : au lieu de créer de nouvelles places, cette loi va permettre de licencier du personnel !

Et même dans le cas où certaines crèches pourraient accueillir quelques enfants de plus, cela se ferait au détriment de la sécurité et de la qualité des activités proposées, en péjorant les conditions de travail des éducatrices et éducateurs (en grande majorité des femmes). Bien au contraire, le rôle social crucial du travail qu’elles effectuent devrait être mieux reconnu et valorisé.

Nous nous opposons à cette loi pour maintenir:

la sécurité des enfants, leur bien-être et la possibilité d’assurer des sorties à l’extérieur;

les activités stimulant le développement des enfants;

le soutien et l’accueil prévenant aux enfants en difficulté;

les contrats de travail du personnel et des conditions de travail adéquates

 

Logique dangereuse

Plus largement, cette loi est un bon exemple d’une logique qui, en prétendant étendre un service à la population sans mettre davantage de moyens, vise en fait à le dégrader ! Si l’on appliquait la même logique à d’autres domaines, on finirait avec des classes de 35 élèves à l’école primaire, on pourrait entasser 15 patient·e·s dans une chambre d’hôpital, ou encore supprimer les places assises dans les trams pour y mettre plus de monde !

 

Les moyens d’une vraie politique de la petite enfance

L’extension et l’amélioration de nos services publics, l’éducation en l’occurrence, passent par la mise à disposition de plus de moyens, et pas par des économies de bouts de chandelle qui dégradent qualité de l’accueil et les conditions de travail du personnel.

Genève en a les moyens. Les cadeaux fiscaux faits aux nantis ces 15 dernières années représentent un milliard par an ! Alors qu’on maintient aujourd’hui de nombreux avantages indus aux plus fortunés, on voudrait faire payer le prix de l’austérité à nos enfants ? Résistons à cette logique aberrante ! Investissons dans l’avenir, construisons des crèches !

 

Thibault Schneeberger