Naxoo est à nous! un message à entendre, une responsabilité à assumer

Tel est le titre d’une motion dont le Conseil municipal de la Ville de Genève a été saisi mardi 25 février par le groupe Ensemble à Gauche. Mais apparemment le message des habitant·e·s ne s’impose pas à une majorité d’élu·e·s.

 

Notre texte demandait « simplement » que le Conseil administratif de la Ville se retrousse les manches, qu’il admette et entende le message du vote populaire municipal du 9 février 2014 contre la privatisation de 022  Télé genève / Naxoo qui l’a désavoué sans appel.

La motion demandait, en outre, qu’on renouvelle les responsables représentant la Ville dans cette société, que l’Exécutif dresse un état des lieux technique et juridique de la situation de Naxoo, qu’il prenne les mesures immédiates nécessaires pour défendre tant les intérêts matériels de la Ville que les emplois, qu’il remette les choses au point avec UPC Cablecom dans son nouveau rôle d’actionnaire minoritaire plutôt que de propriétaire en devenir, qu’il établisse – surtout – un plan d’action avec des objectifs clairs, immédiats et stratégiques, pour le développement de 022 Télégenève au bénéfice des prestations délivrées aux usagers·ères…

 

Agir et ne pas laisser pourrir la situation!

Cette motion était donc assez peu partisane, elle ne dictait aucune mesure particulière, elle laissait à l’Exécutif une très large marge de manœuvre, mais elle exigeait qu’on agisse et qu’on ne laisse pas pourrir la situation et qu’on entreprenne de remonter la pente par rapport aux dégâts induits par la tentative de privatisation avortée et par les années de laisser aller qui l’ont précédée.  Tout ce que demandait cette motion aurait dû d’ailleurs aller de soi, même si ça allait mieux en le disant. Cette motion urgente – ouverte d’ailleurs à la signature et au soutien de tous les partis – avait vocation à être adoptée lors de la session de février du Conseil municipal, avant la séance du Conseil d’administration de 022  Télé genève qui se tenait le 3 mars. La motion du groupe municipal « Ensemble à Gauche » rejoignait d’ailleurs une motion bienvenue et complémentaire du Conseiller municipal PLR Simon Brandt, et d’autres élu·e·s de droite dont l’UDC Bertinat, proposant de mandater la Commission des finances du parlement municipal pour qu’elle fasse toute la lumière sur le dossier, sur la manière discutable dont il a été géré, et qu’elle formule des recommandations pour l’avenir. Cette deuxième motion avait naturellement aussi vocation à être votée et mise en œuvre de suite.

 

Des retournements incongrus

Mais plutôt que de se prononcer sur ces propositions et suite à des retournements étranges, lesdites motions ont été renvoyées en commission « pour étude », sans débat, et sans qu’on puisse proposer de les adopter sur le champ… une manière de dire qu’il était urgent de n’y pas donner suite, alors qu’au contraire leur mise en œuvre rapide était indispensable.

Premier retournement incongru, le PLR (associé à l’UDC) qui acceptait en début de soirée mardi de débattre en urgence de ces motions… se ralliait ensuite au bloc PS / PDC / Verts pour botter en touche par un renvoi en commission dilatoire et sans débat, qui s’est d’ailleurs fait en claire violation du règlement du Conseil municipal.

Deuxième retournement incongru, le groupe municipal MCG qui soutenait mercredi en début de soirée une séance extraordinaire pour pouvoir quand même discuter et voter sur les motions en question dans les quinze jours, change d’avis. Ceci suite à une intervention directe personnelle d’Eric Stauffer venu donner ses ordres à son groupe municipal, en personne et dans son style inimitable.

 

De Salerno à Stauffer

Selon les dispositions en vigueur ladite session aurait dû avoir lieu quand même, le « retrait » de signatures à l’appui d’une telle séance n’étant pas prévu par la loi… pas plus que le retrait d’une signature sur un référendum, mais il semble que dans ce dossier tout soit permis!

Que cache donc la Sainte-Alliance de Salerno à Stauffer pour ne pas tenir compte du vote des citoyen·ne·s et habitant·e·s, pour refuser d’en parler, pour ne pas accepter de prévoir des mesures qui y donnent suite? Si nous n’avons pas aujourd’hui la réponse, c’est en tous cas une excellente question que se posent nombre d’habitant·e·s et citoyen·ne·s, qu’ils sont venus nous poser et que nous mettons sur la place publique… Nous y reviendrons.

 

Pierre Vanek