Construction

Construction : Négociations salariales et renouvellement conventionnel

Zéro franc d’augmentation pour les maçons en 2015 et renouvellement de la Convention nationale du secteur principal de la construction (CN) en perspective. Seule la lutte pourrait permettre d'éviter ce sérieux revers.

En juin 2014 lors de leur conférence professionnelle à Berne, les maçons d’Unia adoptaient leur revendication d’augmentation salariale de 150 francs pour tous. Cette demande était perçue comme un rattrapage légitime par les travailleurs de la construction dans un contexte économique favorable à la branche. Alors que les gains de productivité ont été de 9% entre 2007 et 2013, l’augmentation des salaires réels n’a été que de 4,9 %. Cette évolution est inférieure à l’évolution moyenne des salaires en Suisse au cours de cette même période ( 5,7 %). Sur les chantiers, les gains de productivité qu’engrangent les entreprises se font au détriment des conditions de travail : pression constante sur les délais, sous-enchère salariale, sous-traitance et recours accru au travail temporaire. 

 

 

Pas d’entrée en matière des patrons

 

Dès le début des négociations salariales, des actions ont eu lieu sur les chantiers en Suisse pour faire pression sur la Société suisse des entrepreneurs (SSE). La première, et la plus importante, a eu lieu à Genève le 2 octobre réunissant 500 travailleurs sur la Plaine de Plainpalais lors d’une assemblée générale. Cette campagne a cependant montré une capacité inégale de mobilisation au niveau national, reflet d’une implantation syndicale insuffisante et d’un rapport de force pour l’instant défavorable. Les patrons ne s’y sont pas trompés et ont entériné la rupture des négociations salariales lors de leur assemblée des délégués début novembre à Lucerne.

 

 

Renouvellement conventionnel en 2015

 

La CN est une des plus grandes conventions collectives de Suisse. Elle concerne 80 000 travailleurs et arrivera à échéance fin 2015. Traditionnellement, son renouvellement donne lieu à des mobilisations importantes pour un pays comme la Suisse. Pour rappel, la dernière grande conquête syndicale du secteur a été l’introduction de la retraite anticipée cinq ans avant l’âge légal du départ à la retraite (60 ans). Cette bataille a été remportée il y a 10 ans suite à quatre grèves nationales. Une enquête menée sur le terrain par Unia auprès de 15 000 maçons a permis d’élaborer un cahier de revendications qui a été formellement adopté par la conférence professionnelle des maçons fin novembre à Zurich. L’exigence de pouvoir arrêter le travail sans perte de salaire en cas d’intempéries arrive largement en tête. Il s’agit d’une problématique ancienne qui affecte gravement la santé des travailleurs et qui, faute d’un système favorable à ces derniers, fait reposer dans les faits le risque économique d’une interruption de travail sur leurs épaules.

Les grèves nécessaires seront-elles au rendez-vous en automne face à un patronat qui semble avoir privilégié la ligne dure ? L’avenir le dira. Dans tous les cas, une manifestation nationale des maçons devrait avoir lieu avant l’été pour lancer la campagne. 

 

Tony Mainolfi