Un démantèlement programmé

On ne peut ouvrir la presse régionale sans y trouver une information concernant la situation des hôpitaux neuchâtelois. Rappel des derniers mois écoulés.

Fin mars 2015, « le groupe Genolier s’offre Montbrillant », une clinique privée de La Chaux-de-Fonds, renforçant ainsi son poids dans le paysage hospitalier britchon.

Le 24 avril, HNE annonça la fermeture de deux centres de traitement et de réadaptation (CTR) : La Béroche, fin 2015, et le Val-de-Travers (Couvet), fin 2016. Les patients stationnaires de ces deux sites seront déplacés au Locle, à La Chaux-de-Fonds et au Val-de-Ruz. La fermeture de ces sites exige une adaptation de la loi sur l’établissement hospitalier multisites, qui sera soumise au Grand Conseil. 

Le 5 mai, le Conseil d’Etat et HNE annonçaient le lancement de deux études sur l’organisation à long terme de l’institution. Les trois options retenues prévoient la fermeture des sites du Locle, du Val-de-Ruz et de la Béroche.

Concernant les bâtiments vides, un amateur se presse au portillon. Antoine Hubert, administrateur-délégué de Genolier : «GSMN s’intéresse à tout bâtiment hospitalier qui va fermer ses portes ou qui doit faire l’objet d’une réaffectation. Dans ce cas, nous étudions la possibilité d’une acquisition non pas pour conserver l’hôpital en tant que tel, mais dans une optique de spécialisation médicale» (L’Express, 12.5.2015).

Enfin, selon une rumeur insistante, le Centre du sein (inauguré en décembre 2014 à La Chaux-de-Fonds) serait délocalisé à Neuchâtel. Par ailleurs, HNE envisage la construction d’un CTR au Crêt du Locle.

Dans un communiqué du 16 juin, les exécutifs du Locle et de La Chaux-de-Fonds ont dénoncé la mauvaise foi de HNE et du Conseil d’Etat : «Le canton et HNE doivent sauver l’hôpital, pas le saboter». De son côté, le collectif « Le Haut veut vivre » vient de déposer l’initiative pour une maternité dans les Montagnes neuchâteloises.

Il y a 10 ans, une coalition – à laquelle participait solidaritéS – avait lancé un référendum contre la loi créant HNE. Aucune des promesses faites par les autorités de l’époque n’a été tenue : la population neuchâteloise a été purement et simplement trompée. 

 

Hans-Peter Renk


Vol au-dessus d’un nid d’hôpitaux 

 

Lors de la grève de l’Hôpital La Providence (novembre 2012–février 2013), l’administrateur-délégué du groupe GSMN SA (Genolier) affirmait sa volonté d’arriver en Suisse à une situation similaire à celle de l’Allemagne : aujourd’hui, dans le pays de Mme Merkel, 75 % des établissements hospitaliers sont en mains privées, le 25 % restant au secteur public.

Un autre groupe est intéressé à ce processus : le groupe de cliniques privées Hirslanden. Dans Le Matin-Dimanche (28.6.2015), le directeur général de ce groupe, Ole Wiesinger, préconise la gestion des hôpitaux publics par des entreprises privées. A une question sur la concurrence possible, il répond : « Genolier n’est pas notre plus grand concurrent, ce sont les hôpitaux universitaires, le secteur public. Les cantons sont numéro un du marché hospitalier, tout en étant le régulateur. Avec Genolier, nous nous entendons bien, nous partageons le même but et nous sommes complémentaires dans nos offres ».

« Tout ce qui est rentable a vocation à être privatisé », affirme l’Organisation mondiale du commerce. Ouvrons l’œil… HPR