MCG et UDC

MCG et UDC : Entre xénophobie et contradictions

La semaine dernière, le MCG et l’UDC ont réuni les 30 signatures nécessaires pour imposer une séance extraordinaire du Grand Conseil. A quelques semaines des élections fédérales, l’extrême-droite souhaite une tribune pour ses propositions xénophobes inacceptables et mensongères, afin de taper durement sur les réfugié·e·s. 

Le vendredi 2 octobre 2015, les député·e·s genevois·e·s débattront donc de trois résolutions déposées par les groupes parlementaires du MCG et de l’UDC. Ces résolutions propagandistes qui ont pour seule fonction de mobiliser les électeur-rices d’extrême-droite en distillant un discours xénophobe et raciste, sont construites sur des faits erronés, une stigmatisation honteuse et des solutions politiques inexistantes.

 

 

Entre « bons » et « mauvais » migrants : le renforcement de la suspicion

 

L’ensemble de ces textes et des exposés des motifs qui les accompagnent, insistent sur une vision stigmatisante des migrant·e·s en les divisant en deux catégories, les «bons» et les «mauvais». En mettant au même niveau les migrant·e·s dits «économiques», les débouté·e·s et les bandes criminelles organisées, sous couvert d’une réelle volonté d’accueillir les «vrais» migrant·e·s, l’UDC et le MCG criminalisent les soi-disant «mauvais» migrant·e·s et renforcent la stigmatisation de l’ensemble des réfugié·e·s. En effet, cette fausse distinction jette l’opprobre et le doute sur chaque réfugié·e, qui se doit dès lors de répondre continuellement à l’injonction «prouve que tu es un bon migrant·e».

 

 

Entre «ici» et «là-bas» : «Ils sont mieux chez eux plutôt que chez nous!»

 

Mais ce discours haineux et raciste se construit autour d’une autre dichotomie, elle-même basée sur un mensonge. La stratégie de la droite xénophobe et populiste est d’affirmer que les migrant·e·s sont mieux chez eux.elles que chez nous. Elle oppose le «ici» à «là-bas» afin de renverser le discours, passant de l’affirmation «je veux qu’ils restent chez eux» à «ils sont mieux chez eux». Ainsi, l’UDC et le MCG veulent une discussion sur l’aide d’urgence que nous accordons aux pays en crise. Parler de là-bas pour ne pas faire le travail ici, voilà la proposition qui nous est faite.

 

 

Ne rien faire et fermer les frontières…

 

D’un point de vue concret, les résolutions UDC et MCG sont d’une rare faiblesse. Entre la proposition de ne rien faire, ou de faire moins, les formations d’extrême-droite nous font une véritable démonstration de gesticulation politique. La première mesure qui part du constat que les migrant·e·s sont mieux chez eux·elles que chez nous, prévoit de restructurer l’aide au développement en favorisant l’aide urgence avec le même budget. Sans moyens supplémentaires, le renforcement de l’aide d’urgence est une affirmation en l’air : les bombes s’arrêtent-elles à coup d’aide d’urgence ?

Les deuxième et troisième propositions, profondément irresponsables, demandent que Genève accueille moins de réfugié·e·s dans la répartition entre cantons, reçoive plus d’argent pour le faire de la part de la Confédération et s’oppose à la participation de la Suisse à tout quota au niveau européen. Alors que des millions de personnes sont sur les routes de l’exil et ont besoin de notre protection, la seule réelle mesure proposée par l’UDC et le MCG est de réduire notre aide en accueillant moins de personnes et en refusant de participer à une solidarité internationale nécessaire.

 

 

L’UDC utilise ?une situation ?qu’elle a elle-même créée

 

Les principales justifications de ces demandes se basent sur l’impossibilité matérielle pour Genève d’accueillir plus de réfugié.e.s. Les lieux d’accueil saturés, la crise du logement, le déficit de l’Etat sont autant de raisons, selon eux, de stopper l’accueil des réfugié·e·s.

En utilisant ces prétextes, l’UDC et le MCG dévoilent néanmoins au grand jour leurs contradictions. Le parti agrarien qui s’agite dans tous les sens en s’écriant « la barque est pleine », est en fait le principal responsable de cette situation de saturation des lieux d’accueil. En effet, Blocher a été le grand instigateur du démantèlement des lieux d’accueil durant les années 2000. Alors qu’en 1999, suite à la guerre en ex-Yougoslavie, nous avons accueilli en Suisse presque 50 000 réfugié·e·s, le manque de lieux d’accueil se fait déjà sentir alors que nous n’aurons que 29 000 réfugié·e·s en 2015. La situation actuelle relève donc de la responsabilité de cette droite xénophobe qui, sur fond de discours racistes, a entrepris de diminuer de plus en plus les lieux d’accueil. De même que l’argument de l’état des finances publiques, invoqué par des formations qui votent favorablement à toutes les baisses d’impôts et donc à la baisse des rentrées fiscales, avec leurs amis du PLR, n’est pas plus audible.

 

 

Encore des contradictions de l’UDC

 

Pourtant, des solutions pragmatiques, peu onéreuses et humaines existent. L’exemple de la caserne des Vernets, occupée seulement à 15 % par les militaires, en est un excellent exemple. Alors que les demandes de réfugié·e·s augmentent, que les conditions d’accueil sont déplorables et parfois inhumaines, les associations, puis les communes et même le Conseil d’Etat ont fait la demande à Ueli Maurer de bien vouloir mettre à disposition cette caserne pour l’accueil de réfugié·e·s. Le conseiller fédéral UDC prétend que c’est impossible.

Au lieu de dire que les solutions n’existent pas et qu’il faut fermer les frontières, l’UDC ferait mieux de demander à son conseiller fédéral de faire son travail et de protéger les personnes qui arrivent pour demander l’asile. Les solutions existent, l’UDC les cache et les nie avec l’aide du MCG.

 

 

Ne les laissons pas faire

 

Nous ne pouvons pas laisser faire cette droite démagogue et xénophobe qui cherche à gagner des voix sur le dos de la vie de millions de personnes qui ont besoin de notre aide. Ne les laissons pas occuper la parole sur ce sujet.

Venez nombreuses et nombreux le 2 octobre à 16h30 au Grand Conseil afin de leur montrer notre désaccord.

Refugees are welcome here.

Pablo Cruchon


Vendredi 25 septembre, des militant·e·s de solidaritéS menaient, avec notamment Jean Batou, une action devant MM Multitrade SA, filiale d'une multinationale qui importe massivement de l’or du Burkina Faso, extrait par des enfants dans des conditions épouvantables, comme l’a récemment révélé une excellente enquête de la Déclaration de Berne. Retrouvez notre vidéo et davantage d’infos sur solidarites-ge.ch