Crime environnemental catastrophique au Brésil

Le 5 novembre 2015, deux barrages retenant les déchets de mines de fer de la Samarco – joint venture de l’anglo-australienne BHP Billiton et de la suisse Vale S.A. – dans la région de Mariana au Minas Gerais se sont rompus : 50 millions de tonnes de boue se sont déversées…

 En conséquence, la petite ville de Bento Rodrigues a disparu et la contamination du Rio Doce, dont dépend l’approvisionnement en eau potable de la région de Belo Horizonte, a provoqué une cascade désastreuse d’impacts jusque dans l’état voisin d’Espírito Santo. Bilan : 16 mort·e·s, 55 disparu·e·s, 800 déplacé·e·s et une contamination durable de l’environnement.

 

Bento Rodrigues

 

Une catastrophe annoncée

Ce qui est présenté par d’aucun·e·s comme un accident est en fait une « catastrophe annoncée »; dénoncée par une très large coalition d’organisations réunies depuis septembre au sein d’un front commun contre un projet de loi (PL nº 2946/2015) en faveur d’une plus grande autonomie des entreprises dans les processus d’établissement des rapports d’impacts environnementaux.

Selon l’Instituto Políticas Alternativas para o Cone Sul de l’université de Sao Paulo, cette tragédie environnementale n’est rien d’autre qu’un « chapitre de plus dans l’histoire des conséquences désastreuses des pratiques insoutenables de Vale et de ses filiales ». Quant à elle, l’Articulation internationale des victimes de Vale (AIVV) qualifie la rupture des barrages de crime environnemental (au lourd bilan social) dont les entreprises doivent endosser la totale responsabilité.

Les coûts humains et les pollutions ne sont autres que les « externalités » négatives d’un modèle extractif prédateur qui exige un maximum de bénéfices en un minimum de temps aux moindres coûts. Avec 8 morts au travail et 11 personnes décédé·e·s en 2014 le long des voies ferrées lui appartenant, Vale S.A. n'en est pas à ses premières destructions.

De son côté, le gouvernement brésilien encourage toujours plus les activités extractives. Vale S.A. est d’ailleurs l’entreprise recevant le plus de financements de la part de la Banque Nationale de Développement Economique et Social du Brésil, notamment pour l’expansion de ses activités au Cap Vert, en Nouvelle-Calédonie et au Mozambique.

 

 

Des choix et des responsabilités

A la suite du drame, la centrale syndicale CSP-ComLutas rappelait que depuis plusieurs années le parlement brésilien refuse systématiquement les propositions des travailleurs·euses de « créer, en lien avec les syndicats, des postes d’agents de santé, de sécurité et de veille environnementale pour garantir une inspection quotidienne des conditions de travail et de la sécurité des infrastructures au sein des entreprises extractives.»

Rappeler aujourd’hui que ce qui est survenu n’est pas une erreur fortuite mais le fruit d’un modèle d’exploitation de la nature par l’homme est nécessaire. Il s’agit d’établir les responsabilités et de démontrer les choix politiques à l’origine de cette pratique. De longue date, la Suisse – experte en la matière – affirme sa position clef au sein de ce système mondialisé.

En effet, en accueillant Vale S.A. sur son territoire, le canton de Vaud a permis la soustraction de 5,5 milliards de Reals au fisc brésilien dans la période 2007–2013. Somme qu’il faut aujourd’hui mettre en rapport avec le milliard de Reals de dégâts demandés par l’AIVV pour réparation de ce qui apparaît comme la plus importante catastrophe environnementale de l’histoire du Brésil.

Léon Volet