Délit de solidarité envers les femmes victimes de violences conjugales

Le 3 février dernier, solidaritéS Vaud organisait un rassemblement devant le consulat honoraire de la Fédération de Russie à Lausanne, afin de protester contre la dépénalisation des violences conjugales adoptée par le gouvernement de Vladimir Poutine le mercredi précédent.

Nous exprimions ainsi notre indignation et notre solidarité avec les féministes de Russie qui ont manifesté le lendemain, ainsi que notre soutien aux hommes et aux femmes qui luttent contre les violences domestiques là-bas, dans un pays où plus de 36 000 femmes sont victimes chaque jour de violences conjugales, et que plus de 10 000 d’entre elles trouvent ainsi la mort chaque année. Un geste de solidarité élémentaire, qui visiblement n’est pas du goût des autorités communales.

Ce jour-là, une vingtaine de manifestant·e·s avait répondu à l’appel de solidaritéS, en participant à un modeste piquet de protestation devant le consulat honoraire de la Fédération de Russie. Il s’agissait pour nous de dénoncer, dans l’urgence des événements, les mesures sexistes prises par le gouvernement russe, qui mettent en danger les femmes mais également des milliers d’enfants exposés à la violence au sein de leur famille. Une lettre a ensuite été remise au consulat. Le tout a duré moins d’une heure ; il n’y avait que quelques passant·e·s sur le trottoir et le rassemblement n’engendrait aucun trouble à l’ordre public.

A l’issue de la remise de cette lettre, les identités de trois membres de solidaritéS ont été contrôlées par la police, arrivée sur place. Un «contrôle de routine», comme diraient certaine·e·s. Mais voilà que, dans le courant du mois d’avril, les trois personnes contrôlées ont reçu une amende de 150 francs pour «avoir le vendredi 3 février 2017 à 12 h 30 […] organisé une soirée sans avoir demandé l’autorisation préalable à la police communale du commerce».

On apprend qu’il est donc possible d’organiser des soirées à midi. Refusant cette criminalisation, nos trois camarades ont fait opposition et sont convoquées prochainement par la commission de police de la ville de Lausanne.

Il est scandaleux que des gens soient ainsi sanctionnés pour avoir dénoncé une grave atteinte aux droits des femmes. Est-il vraiment nécessaire de demander une autorisation lorsque nous sommes quelques personnes à faire des photos devant un immeuble sur un trottoir très large en plein jour? La liberté de s’exprimer, d’interpeller ses concitoyen·ne·s, de manifester son indignation, de se réunir lorsque l’on ne cause aucun désagrément à personne doit être garanti. solidaritéS dénonce donc fermement cette atteinte à la liberté d’expression et exprime son soutien le plus total à ses trois camarades. PC