Genève

Genève : SCORE - L'arbitraire fait loi!

L’arbitraire fait loi!

Le projet SCORE bouleverse de fond en comble le système salarial de l’Etat et du secteur subventionné. La communication est soignée, rendant le projet pimpant, presque séduisant.

A entendre le Conseil d’Etat, SCORE, qui fait maintenant l’objet d’un projet de loi déposé devant le Grand Conseil, est une merveille: «un système cohérent, lisible, attractif et en phase avec une gestion moderne des ressources humaines basée sur les compétences». Voilà pour l’emballage. Mais lorsque l’on ouvre la boîte, le contenu est tout autre: putsch institutionnel, opacité, individualisation des salaires et iniquités de traitement, le tout sur fond de rupture unilatérale des négociations. En un mot: inacceptable.

Putsch institutionnel et salaires arbitraires

Celles et ceux qui cherchent la nouvelle grille salariale dans le projet de loi peuvent chercher longtemps: elle ne s’y trouve pas. Le Conseil d’Etat s’arroge la compétence de l’édicter lui-même par règlement, comme bon lui semble et autant de fois qu’il lui plaira, au gré de son humeur et des crises budgétaires découlant de sa politique de défiscalisation des hauts revenus, du capital et des bénéfices des entreprises.

La prise de pouvoir n’est pas seulement institutionnelle, elle est également managériale: le projet SCORE introduit des filières au sein desquelles «chaque personne peut progresser sur quatre niveaux […] sans passer, comme c’est le cas aujourd’hui, par des évaluations de fonction». Alors en passant par quoi et par qui? Selon l’exposé des motifs, «le nouveau système de rémunération est un outil de gestion s’intégrant dans les autres processus de la politique des ressources humaines, en particulier dans le domaine du recrutement, de l’appréciation (entretien d’évaluation et de développement du personnel) et du développement des compétences». Voilà donc la réponse: par l’objectivité légendaire des hiérarchies.

Opacité totale et absence de concertation

Une classification des fonctions et une grille salariale fixées par le Conseil d’Etat, un salaire individualisé fixé par la hiérarchie, mais qu’on se rassure: le tout sur la base d’une méthodologie scien-ti-fique! Sauf que du peu qu’ont pu en constater les organisations syndicales lors des séances techniques avec l’office du personnel de l’Etat, la méthodologie SCORE est non seulement douteuse sur de nombreux points, mais surtout tenue rigoureusement secrète dans son application concrète. Et de l’opacité à l’arbitraire, il n’y a qu’un tout petit pas.

«Ce qui fait la force de notre pays, c’est le partenariat social». Avec le projet SCORE, nous sommes à des antipodes des proclamations du Conseil d’Etat lors de son discours d’investiture. Car SCORE, c’est d’abord cinq années d’élaboration sans concertation avec les syndicats, suivi d’une rupture unilatérale des négociations par le Conseil d’Etat à la première critique de fond formulée par le Cartel. Rien que pour cela, l’entrée en matière sur ce projet de loi mériterait d’être refusée.

Davide De Filippo
SIT