Défilé et cérémonie militariste du 12 novembre

Défilé et cérémonie militariste du 12 novembre : Canton et ville de Genève doivent rompre avec une cérémonie militariste

Depuis 1921, les sociétés militaires et «patriotiques» genevoises organisent une «Cérémonie à la mémoire des soldats de Genève morts au service de la patrie» avec la participation officielle de l’armée suisse et des autorités cantonales et municipales de la Ville de Genève. Dimanche 12 novembre sur le quai Wilson et au parc Mon-Repos, on verra ainsi défiler de nombreuses sociétés militaires et associations d’anciens combattants ou membres de forces armées, suisses et étrangères, ainsi que des détachements des polices cantonale et municipale et des sapeurs-pompiers de la Ville.

Cette cérémonie discutable occulte la responsabilité de l’armée suisse dans la mort de militaires suisses en service. On pense aux nombreux accidents mortels lors d’exercices militaires de ces dernières décennies dus à des imprudences plus ou moins coupables, mais également au fait que l’armée a porté historiquement une lourde responsabilité dans un grand nombre de décès de soldats en 1918 lors de l’épidémie de grippe dite «espagnole». Les mesures de soins totalement dépassées, prises par l’armée qui pratiquait encore les saignées sur les malades, avaient largement contribué à alourdir le bilan.

Apologie de crimes de guerre: STOP!

Un autre aspect extrêmement problématique de cette manifestation, dénoncé dans deux questions parlementaires déposées par des élus d’Ensemble à Gauche au plan cantonal et municipal, concerne la collaboration d’organisations d’anciens combattants d’armées qui ont participé à des guerres coloniales et à des régimes fascistes. Ces régimes ont non seulement ensanglanté l’Afrique et l’Europe, mais sont responsables de crimes de guerre commis à grande échelle contre les populations concernées.

C’est le cas notamment de l’Amicale des Anciens Parachutistes de Thonon-Chablais française et de l’Associazione Nazionale Volontari di Guerra ed Arditi italienne. A notre connaissance les paras français n’ont produit ni réparations ni excuses à l’adresse des centaines de milliers de civils torturés lors de la guerre d’Algérie. De même, l’association des volontaires de guerre italiens n’a jamais, à notre connaissance non plus, produit ni réparations, ni excuses, pour les nombreux crimes de guerre commis lors des guerres d’Ethiopie (entre autres les bombardements au gaz), d’Espagne (notamment les bombardements aériens de Durango au pays Basque et de Barcelone), et encore lors de la 2e Guerre mondiale, y compris au service de la République de Salò (1943–45) quand ces troupes de supplétifs de la Wehrmacht participaient aux déportations des Juifs d’Italie et des Balkans en vue de leur extermination.

Les victimes civiles oubliées

A aucun moment dans cette cérémonie, on ne commémore ou ne sont représentées les victimes civiles des guerres et d’autres opérations militaires! Il serait donc grand temps que la Ville et le Canton de Genève refusent de participer à cette cérémonie et que les autorités fédérales arrêtent de cautionner cette nostalgie militariste. C’est une manifestation qui glorifie des guerres coloniales et des régimes totalitaires, qui légitime a posteriori des crimes contre l’humanité dont sont responsables les troupes représentées dans cette cérémonie. Elle n’a pas lieu d’être soutenue par nos collectivités publiques.

Tobia Schnebli