Des Pâquisard·e·s reconduisent de leur quartier un Onésien égaré en tracteur à la rue de Berne

Mardi 30 janvier à 19h, manifestait aux Pâquis la nouvelle scission du MCG «Genève en marche» (GEM), dont le chef n’est autre qu’Eric Stauffer.

Ses acolytes principaux sont Ronald Zacharias, promoteur immobilier multimillionnaire et animateur autoproclamé d’une association de défense fiscale des ultra-riches, Carlos Medeiros, nostalgique du régime fasciste portugais, et Pascal Spühler, qui a trahi tout récemment ce MCG, qu’il représentait hier encore, cumulativement au Grand Conseil et au municipal, ceci au motif incongru que soudain ce parti serait «trop à gauche».

Bref, tout ce petit monde de réacs appelaient à défiler dans le quartier des Pâquis, en «ordre de marche» (sic) pour une prétendue «grande manifestation anti-dealers». Cette démonstration avait aussi comme but de murer symboliquement le préau de l’Ecole des Pâquis. Chacun ses murs, Trump veut murer la frontière du Mexique… Stauffer, notre Trump au petit pied, s’en prend à nos préaux d’écoles.

Stauffer not welcome!

Des habitant·e·s du quartier ont estimé que cette manière de faire était inacceptable et choquante. La stigmatisation du quartier qu’elle implique était notamment intolérable à leurs yeux. En effet, les habitant·e·s des Pâquis se mobilisent énergiquement depuis de longues années pour un quartier ouvert où il fait bon vivre.

Leurs engagements se concrétisent sous de multiples formes: fêtes de quartier, la rue est à vous, mobilité douce, fermeture des rues de transit, action contre la spéculation immobilière, pour des logements qui correspondent aux besoins prépondérants des habitant·e·s, végétalisation de l’espace urbain, parcours créatifs, etc.

Ce sont une centaine de contre-manifestant·e·s qui se sont donc retrouvés devant l’école des Pâquis, mardi soir, des habitant-e-s de tout âge, accompagnés par des habitant·e·s solidaires d’autres quartiers, et beaucoup de jeunes hostiles à ce qu’ils considèrent comme une bande de «fachos», hostiles aussi au déploiement policier important accompagnant ces derniers.

A l’arrivée du défilé staufférien, un constat: pas de «grande manif» au rendez-vous, mais juste une cinquantaine d’affidés ou acolytes du GEM venus servir de faire-valoir, pour la photo, à leur chef de bande. Quant à la «marche» annoncée, ce n’était pas pour tout le monde: le tracteur a été en effet le moyen de transport, polluant et malvenu, de la tête de manif.

Devant le préau, les habitant·e·s ont décidé de s’approcher du rassemblement staufférien, au contact avec les forces de police. Il était en effet important pour eux et elles d’être présents pour exprimer leur point de vue, haut et fort et en direct. Ils ont affirmé leur indignation devant la tentative d’instrumentalisation politique de leur quartier par le GEM, alors que le MCG – sous Stauffer – avait déjà joué à ce jeu.

Pour des préaux sûrs et ouverts

En ce qui concerne le préau de l’école des Pâquis, la position des habitant·e·s s’axe sur la nécessité de maintenir un dialogue démocratique entre tous les groupements, associations et institutions concernées pour développer une utilisation ouverte, imaginative et positive du préau. Ils·Elles sont pour un préau, une école et des activités sociales en faveur des enfants et des habitant·e·s, ouverts sur le quartier.

Ils·Elles veulent aussi, bien sûr, répondre à la nécessité d’assurer la sécurité des enfants et se sont par ailleurs prononcés en faveur d’actions engagées par la Ville de Genève (nettoyages réguliers en profondeur et quotidien du préau, installation de toilettes, présence accrue de la police municipale et d’intervenants sociaux).

Enfin, à la fin du rassemblement staufférien, qui n’a pas duré bien longtemps, les habitant·e·s ont raccompagné son tracteur, pour bien vérifier qu’il soit sorti de leur quartier.

Pierre Vanek