Rapports de pouvoir et gynécologie

Où commence la violence en matière de gynécologie? Par l’existence d’une «science des femmes», de rapports sociaux inégalitaires entre un corps médical qui sait et des patient·e·s qui obtempèrent, ou de gestes déplacés? Une table ronde, organisée par deux associations lausannoises, vise à décortiquer ces rapports inégalitaires et offrir des réponses pour y faire face.

L’avènement de la gynécologie en tant que discipline scientifique au 19e siècle et sa place actuelle parmi les spécialités médicales ne peuvent se comprendre hors de l’histoire de l’assujettissement des femmes et de leurs luttes d’émancipation», rappelle Marilène Vuille. Voilà qui est dit: l’histoire de la gynécologie s’inscrit dans une idéologie – les femmes sont «le sexe» – et dans un rapport de pouvoir. Ceux-ci se ressentent jusque dans les échanges entre gynécologues et patient·e·s (femmes cis et personnes trans, non binaires et intersexuées): manque d’écoute, objectification du corps, jugements moraux, questions, remarques ou gestes déplacés, condescendance et mépris, infantilisation, brutalisation, lesbophobie, transphobie, reproduction des normes de genre. La liste est longue.

Face à ces rapports inégalitaires, les féministes des années 1960 avaient développé des stratégies permettant de se réapproprier son corps par la pratique. Le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) avait ainsi élaboré des méthodes de self help pour lutter contre la médicalisation du corps féminin et donner les connaissances nécessaires pour pratiquer soi-même les gestes gynécologiques et construire ses propres savoirs: auto-examen, avortement, accouchement, etc.

Aujourd’hui pourtant, le self help ne court plus les rues. Qui, parmi les jeunes générations, le pratique? Faut-il voir dans sa disparation – ou du moins son invisibilisation – une preuve de son inutilité, voire de sa dangerosité? Les rapports de pouvoir entre gynécologues et patient·e·s se seraient-ils évaporés?

Pour aborder ces questions, mettre en lumière ces rapports de pouvoir et formuler des stratégies de résistance, deux associations lausannoises, Feminista! et Le Pensement, organisent une table ronde modérée par Isabelle Moncada, journaliste 36,9 º à la RTS.

Trois intervenantes offriront trois perspectives au débat: Saira-­Christine Renteria est gynécologue au CHUV, Marilène Vuille est historienne et sociologue au département d’études genre de l’Université de Genève, et le collectif AdopteUnE Gynéco œuvre en faveur d’une gynécologie safe. KH

ma 24 avril 20 h Pôle Sud
Lausanne

dès 19 h 30 Apéritif
Evénement, gratuit et ouvert à toutes et tous