Blanchisseuse: une précarité conventionnée

Dès le 1e mai 2018, la nouvelle mouture de la convention collective des blanchisseries sera applicable. Si des améliorations ont pu être apportées, les conditions de travail dans la branche demeurent extrêmement précaires.

D’abord, le salaire à l’embauche d’un·e travailleur·euse non-qualifié est de 17,85 francs de l’heure, soit 3300 francs par mois à 100 %. Sur le compte en banque, c’est souvent moins de 2900 francs nets. Ensuite, la durée moyenne du temps de travail fixée par la convention est de 42,5 heures hebdomadaires. En réalité, cette durée est annualisée à 2200 heures. L’annualisation du temps de travail est une aubaine pour le patronat qui peut faire porter le risque entrepreneurial aux salarié·e·s en faisant varier – parfois d’une semaine à l’autre, voire du jour au lendemain – les horaires de travail. En période de baisse de travail, les travailleuses et les travailleurs sont renvoyés à la maison. En période de forte production, les heures supplémentaires s’enchaînent.

Comme d’autres secteurs d’activité où les conditions de travail sont précaires, les femmes issues de l’immigration sont surreprésentées dans la branche. Le poids de cette précarité conventionnée est double. Les bas salaires poussent celles qui n’ont pas le choix à avoir un deuxième emploi. Et l’amplitude horaire qu’on leur impose les place dans une situation inextricable face à leurs responsabilités familiales et engendre aussi des frais de garde supplémentaire. Enfin, à l’instar d’autres conventions, la CCT des blanchisseries reconnaît mieux les postes occupés principalement par les hommes que ceux occupés majoritairement par les femmes. Alors que les «employé·e·s non-qualifiés» ont un salaire de base de 17,85 francs/heure, celui des «chauffeurs» est de 21,62 francs/heure.

Isabelle Smekens
Secrétaire syndicale