Vers la grève

Vers la grève : Création du collectif grève féministe Genève 2019

Un appel syndical, des Assises romandes et, le 28 juin 2018, ce sont 150 genevoises d’horizons très divers qui ont décidé la création d’un collectif avec en ligne de mire la mise en œuvre de la grève du 14 juin 2019!

Un premier espace de réflexion et de discussion a vu le jour lors des Assises féministes romandes du 2 juin dernier à Lausanne, où les romandes ont voté le 14 juin 2019 comme jour de la «grève des femmes*». L’astérisque visait à rappeler que l’identité «femme» est multiple, et qu’elle inclut les personnes trans et non binaires dans le genre.

Si la question d’une grève était votée à l’unanimité le 2 juin, la prise de conscience de la nécessité d’une mobilisation forte et organisée au niveau cantonal a fait l’unanimité le 28 juin. A noter que les réunions du 2 et du 28 juin se sont déroulées en mixité choisie sans hommes cisgenres (une personne cisgenre s’identifie au genre qu’on lui a assigne à la naissance).

Le réseau des Genevoises

C’est tout d’abord une réunion qui a permis des échanges et la connaissance de l’ampleur du réseau de femmes engagées à Genève. Ont répondu à l’appel des syndicalistes, des groupes politiques et féministes, des militantes de la grève de 1991, des étudiantes, diverses associations et des militantes de solidaritéS.

Parmi les interventions remarquées, deux groupes de collégiennes ont expliqué être des jeunes femmes engagées dans la mobilisation dans les collèges sur la cause féministe. Elles souhaitent relayer et diffuser les informations, travaux et appels à mobilisation à ce spectre trop souvent oublié de citoyennes.

Des féministes et grévistes espagnoles ont manifesté leur solidarité envers le mouvement genevois et suisse. Elles se joignent au mouvement et partagent leur expérience de la grève espagnole.

Des avocates et juristes ont exprimé la volonté de se charger du cadre légal de cette grève qui nécessite, sur quelques points, un éclairage et des informations les plus précises possibles.

Beaucoup d’artistes appellent à la création de performances à même de thématiser la lutte pour permettre de toucher le plus large public possible et de la rendre visible. D’autres rappellent l’importance de promouvoir les artistes femmes puisqu’aucun domaine n’échappe aux discriminations.

Enfin, nous avons pu apprécier les prises de parole d’associations proactives dans le domaine et qui ont fait connaître leurs actions et préoccupations, sans oublier des syndicalistes féministes qui ont su se montrer d’une redoutable efficacité à la tenue de cette séance.

La nécessité d’un renouveau féministe

C’est ensuite le constat de la nécessité de faire appliquer des revendications pas toutes jeunes qui se dégage des débats tenus lors de la réunion.

L’impressionnante mobilisation de ce 28 juin est une réussite en soi et n’a pas manqué d’émouvoir les grévistes de 1991 qui étaient présentes.

En effet, force est d’admettre que les anciens combats menés ont été mis à profit des nouvelles générations à qui on a martelé que leur situation était déjà bien plus enviable que celle des anciennes. Comme pour calmer toute velléité de lutte.

Ce patriarcat adepte du nivellement par le bas ne prend plus et la jeune génération rejoint les précédentes pour imposer des acquis en combattant l’apathie politique et sociale actuelle.

Un appel pour le fonctionnement du collectif

Le collectif a dégagé plusieurs objectifs dans le but de la mise en œuvre de la grève de 2019: constituer un secrétariat et corps fonctionnel, créer des groupes thématiques d’actions et élaborer un manifeste national.

C’est un appel large aux femmes volontaires à venir rejoindre le collectif à de lui prêter main forte. Cette organisation a des besoins fonctionnels comme matériels et ne se fera pas sans huile de coude. Un appel est donc lancé pour les plus motivées à faire partie de la machine gréviste. Le collectif a besoin également de fonds et de chercheuses de fonds afin de permettre matériellement la réalisation du combat.

Plusieurs autres réunions auront lieu tant au niveau cantonal que romand et national que nous ne manquerons pas de relayer dans cette rubrique.

C’est ainsi que les Genevoises sont déterminées à brandir le glaive de la justice et elles ne souhaitent plus avoir les yeux bandés! La justice aveugle sur les discriminations sexistes c’est fini, la lutte est en marche et elle a un collectif genevois pour sa mise en œuvre.

Le Collectif grève féministe Genève 2019 constitué démarre ses premiers jours riche de forces très diverses… la promesse d’une année militante jusqu’à la grève du 14 juin 2019 et au-delà!

Clémence Jung