Pierre Maudet ne peut que démissionner

Il y a un an, il a manqué 35 voix au conseiller d’Etat PLR genevois Pierre Maudet pour arriver au Conseil fédéral. Aujourd’hui, sa carrière politique est probablement finie. Nos lecteurs·trices ont été informé·e·s en première ligne des développements de cette affaire, dont les médias font état ces jours. Le groupe Ensemble à Gauche a pointé du doigt, dès le printemps, les problèmes liés au voyage de Maudet aux Emirats et les incohérences de ses explications successives.

Le train de la justice pénale est en train de rattraper l’élu PLR… Le parlement genevois unanime votera, même s’il démissionnait avant, la levée de son «immunité». Le gouvernement genevois a déjà pris quelques mesures, largement cosmétiques en le privant de certaines fonctions. Sans le mettre complètement sur la touche quant à la présidence de son département et en ce qui concerne l’Aéroport, comme le demandait une résolution d’Ensemble à Gauche en mai déjà.

Pierre Maudet, que la justice poursuit pour des faits graves relevant du domainede la corruption, ne peut décemment rester au Conseil d’Etat, ses collègues du gouvernement (PS, Vert, MCG) auraient dû avoir le courage de lui dire publiquement de partir. Il a perdu tout crédit avec ses mensonges éhontés.

La roche tarpéienne est proche du capitole. D’un point de vue humain, nous souhaitons à Pierre Maudet de ne pas attendre d’être précipité de celle-ci, mais d’avoir la force et la dignité de descendre lui-même du sommet de l’Etat de Genève… par l’escalier de service. A défaut son parti devra le lui dire et assumer ainsi sa responsabilité dans cette cacade.

Après sa non-élection au Conseil fédéral, Maudet affirmait qu’il ne perdait jamais: «Soit je gagne, soit j’apprends» disait-il. Dans cette affaire il y a en effet beaucoup à apprendre. Mais le fond est simple et dépasse largement la Genfereï, comme dans l’affaire du PLR vaudois Broulis: c’est une démonstration du terrifiant et toujours croissant pouvoir des puissances d’argent dont la carrière politique de Pierre Maudet est aujourd’hui victime. Pour n’avoir pas su voir quelle menace pour la démocratie ce pouvoir représentait.

Eric Stauffer avait rassemblé un quarteron de multimillionaires, dont certains ayant eu maille à partir avec la justice, pour sponsoriser son entreprise visant à se payer une tranche du parlement genevois via une pub massive. Le coup a capoté.

D’autres, dont les milieux immobiliers mentionnés par le Ministère public genevois, avaient vraisemblablement entrepris de se payer un morceau du gouvernement genevois, en la personne de Maudet, en ne se contentant pas des liens «naturels» unissant le PLR aux milieux d’affaires, mais en entendant sceller des rapports plus particuliers avec un magistrat. Cette tentative est mise à mal.

Parmi les choses à «apprendre» de cette affaire, dont nous nous réjouissons: d’abord, le rôle clé de journalistes qui ont le courage et la ténacité de ne pas courber l’échine devant le pouvoir, le rôle important aussi de policiers et de magistrats capables d’enquêter de manière indépendante, le rôle enfin d’une force d’opposition comme la nôtre, dont l’attitude contraste avec la veulerie d’un Conseil d’Etat qui a porté Maudet à sa présidence, alors que cette affaire était déjà en route… Sans parler du ralliement choquant de la secrétaire générale du PS, allée se mettre au service de Pierre Maudet, prenant le relais au pied levé de son chef de cabinet précédent (ancien conseiller municipal du PS, lui aussi), mouillé jusqu’au cou.

Pierre Vanek