Fribourg

Fribourg : L'aide d'urgence - Un moyen de pression inefficace

Un moyen de pression inefficace

La Coordin’action Fribourg solidaire a déposé une pétition auprès du Conseil d’État. Nous demandons la régularisation des requérant·e·s d’asile vivant de l’aide d’urgence depuis des années dans des conditions dégradantes.

Le 7 novembre, les député·e·s ont été accueilli·e·s par des manifestant·e·s sous une guirlande géante, construite avec 2400 feuilles de papier colorées, le nombre de signatures récoltées pour la pétition. Celle-ci exige la non-application des expulsions vers l’Érythrée et l’Éthiopie, la régularisation des personnes à l‘aide d’urgence depuis des années, et l’octroi d’un droit au travail, à la formation et à un logement digne.

Cette action a été suivie d’une conférence de presse dans laquelle sont intervenues des personnalités politiques, mais surtout des personnes qui endurent depuis des années les conditions de vie dégradantes du régime de l’aide d’urgence à Fribourg. A., un jeune Éthiopien de 30 ans est à l’aide d’urgence depuis quatre ans.

Il témoigne:

« Je suis arrivé en Suisse il y a sept ans. J’ai déposé une demande d’asile, mais elle a été refusée. Cela fait quatre ans que je vis à l’aide d’urgence. Quatre ans que l’on m’interdit de travailler, de suivre une formation, de suivre des cours. Je dois quémander 10 francs chaque jour, et me débrouiller avec cela. Dans mon foyer, il y a des vols, des bagarres, beaucoup de violence. Il y a des gens qui ont des graves problèmes psychologiques. Je suis jeune. Je veux travailler pour payer ma nourriture, pour construire ma vie. J’ai envie d’être utile. Je ne veux pas dépendre de l’aide d’urgence – ou de l’aide sociale, ou de la charité. Je ne suis pas un criminel. Ma seule “faute”, c’est d’avoir demandé l’asile. Maintenant, après sept ans de cette vie, ils veulent me renvoyer en Éthiopie ou en Érythrée. Mais j’y serais en danger en raison des tensions ethniques et du manque de démocratie. Si je pouvais y retourner en sécurité, je le ferais. On ne supporte pas quatre ans à l’aide d’urgence pour le plaisir. Encore combien de temps vont-ils me laisser dans cette situation? Je perds les meilleures années de ma vie. »

L’aide d’urgence a été conçue comme une solution transitoire sur le court terme. La situation de A., durablement soumis à l’aide d’urgence, montre à quel point cette mesure n’incite pas au départ. Ainsi, dix ans après, le régime de l’aide d’urgence pour les personnes ayant reçu une décision négative n’a pas l’effet dissuasif escompté: soit il précarise des personnes déjà vulnérables, soit il les pousse à la clandestinité.

Coordin’action Fribourg solidaire