Non à une Lex Maudet autoritaire et antidémocratique

La justice genevoise demande d’étendre la levée d’immunité du conseiller d’État PLR Pierre Maudet. En cause: les plus de 100 000 francs versés par le groupe Manotel aux « cagnottes » occultes qu’il contrôlait, sans compter d’autres prestations.

Ces caisses noires ont aidé Maudet en 2015, dans sa campagne pour sa Loi sur la police (LPol) contestée par Ensemble à Gauche ayant lancé un référendum, pour contrer la militarisation et la privatisation de la police. Maudet avait arraché un oui à 50 voix près, notamment grâce au fonds de Manotel. Sans parler d’un trafic de bulletins de vote intéressant aussi la justice. Aujourd’hui, les syndicats de la police veulent l’annulation du vote.

Un très large front pour un non massif

Or nous sommes à la veille d’un nouveau scrutin, le 10 février, contre une autre Lex Maudet : la Loi sur la laïcité de l’État (LLE), qu’un large front référendaire rejette. Ce front va de Stopexclusion aux Juristes progressistes, en passant par les syndicats (CGAS, SIT, Unia…), le PS et les Verts, et comprend des associations d’étudiant·e·s, des collectifs féministes, des organisations musulmanes et évangéliques et des défenseurs d’une véritable neutralité religieuse de l’État.

Ce non démocratique, fondé sur le refus d’une loi d’inspiration islamophobe qui discrimine, divise et nie des droits fondamentaux, suscite une forte mobilisation. Elle se reflète, dans la brochure de vote, par une quarantaine d’appels au non contre une dizaine seulement pour le oui, dont ceux de l’UDC, du PLR et du PDC. Le MCG s’abstient prudemment, malgré le vote pro-LLE de ses élu·e·s.

Inventer des problèmes où il n’y en a pas

Notons que le Conseil d’État a interdit aux référendaires d’attribuer, dans la brochure de vote, la paternité de la loi à Maudet, tant ce magistrat a mauvaise presse. Mais l’élu PLR est sorti de l’ombre pour défendre son bébé dans La Tribune, avec trois arguments à l’appui de sa loi.

Premièrement, par le passé, les organisations religieuses locales « étaient essentiellement chrétiennes », dit-il, et ce n’est plus le cas. Il faut donc « clarifier les règles » dans un but de « cohésion sociale». En clair: tant qu’on était «entre nous» ça allait, mais aujourd’hui on a besoin d’une loi prescriptive pour faire façon des «autres». Une logique anhistorique idiote, qui occulte les conflits sanglants entre chrétien·ne·s et les erreurs du passé quant au contrôle sur ces « autres » qu’étaient alors les catholiques nouvellement incorporés à la Rome protestante.

Ensuite, Maudet prétend toujours – contre l’avis formel des constitutionnalistes – que sa LLE est un fruit nécessaire de la constitution genevoise de 2012, qui dit que l’État « entretient des relations avec les communautés religieuses ». Mais la constitution est en force depuis des années et on vit bien sans cette loi. L’État n’a pas de problème dans ses «relations» avec les communautés religieuses.

Enfin, Maudet prétend qu’on aurait besoin de sa loi à titre préventif pour « restreindre la liberté religieuse en cas de besoin lié à des troubles de l’ordre public.» Bel exemple d’invention de problèmes!

Maudet doit se recycler. La LLE doit être rejetée. On y travaille!

Pierre Vanek