Dumping salarial massif sur un chantier des TPG
Le scandale est de taille: le deuxième plus grand chantier du canton, celui du dépôt TPG En Chardon, tout près de l’aéroport, a été le théâtre d’un dumping salarial massif aux mécanismes particulièrement retors. Alerté par des travailleurs, UNIA a sonné l’alerte et l’entreprise d’électricité Zaffaroni, accusée de pratiques plus que douteuses, est désormais interdite d’accès au chantier.
Non-paiement d’heures supplémentaires, des 13e salaires, de jours de vacances ou de maladie semblent être la norme pour ces travailleurs d’Italie du Sud employés par l’entreprise sur le chantier du dépôt TPG. Mais ce n’est pas le pire: selon l’enquête des journalistes, des retraits massifs étaient effectués sur les salaires des travailleurs par un stratagème odieux. En effet, avant de venir à Genève, les ouvriers ont dû ouvrir un compte bancaire en Italie, auquel une entreprise de Brescia (I) a également accès. Une fois leur salaire versé sur ce compte, l’entreprise de Brescia retire environ 1000 € chaque mois sur le compte de chaque salarié!
Chantier à l’arrêt
L’entreprise justifie cette pratique odieuse par des frais de logement, ce qui semble ne correspondre à aucune réalité puisqu’il s’agit clairement ici de travailleurs détachés. L’Office cantonal de l’inspection et des relations du travail (OCIRT) a jugé que les preuves étaient suffisamment claires pour exiger la cessation immédiate de toute activité de Zaffaroni sur ce chantier. Notons que les TPG avaient refusé d’agir d’eux-mêmes en ce sens il y a quelques semaines…
De multiples problèmes
Cet épisode révèle plusieurs choses: d’abord que les contrôles sur les chantiers sont actuellement impuissants face à de tels stratagèmes puisqu’on doit la révélation de ce scandale au courage de travailleurs venus dénoncer leur situation auprès du syndicat. Ces contrôles doivent donc être repensés pour être plus efficaces.
Ensuite, cela montre des problèmes majeurs dans les processus d’attribution des marchés publics, notamment par leur injonction prioritaire à systématiquement choisir l’offre la plus « économique ». Le choix d’adjudication doit donc impérativement suivre d’autres critères! La proposition nettement moins chère de Zaffaroni aurait légitimement dû être écartée, alors que des doutes se manifestaient déjà publiquement, au moment du choix, sur son tarif défiant toute concurrence.
Les TPG doivent désormais tout mettre en œuvre pour indemniser correctement les travailleurs et trouver un moyen de conclure rapidement un accord avec une entreprise locale qui les réembauche à des conditions correctes pour terminer ces travaux d’électricité, ce chantier crucial pour les TPG devant en effet se terminer en décembre.
Thibault Schneeberger