Budget 2020

Maurer promet du sang et des larmes

Le 5 décembre dernier, le Conseil national a accepté le budget 2020 par 135 voix contre 54. Seuls à gauche, Ensemble à Gauche l’a refusé.

Ueli Maurer
Ueli Maurer
Simon R Rowell

Lors de son discours d’ouverture de la discussion sur le budget, le président de la Confédération d’alors, Ueli Maurer (UDC), a indiqué les deux objectifs que le gouvernement considérait comme prioritaire : la « prospérité » et la « cohésion ». Mais que cachent ces deux termes tout droit issus de la novlangue néolibérale ? « L’optimisation administrative » et « l’allégement du budget de la Confédération ». Voilà les deux mamelles de la politique économique du Conseil Fédéral au nom du sacro-saint principe du frein à l’endettement et de l’équilibre budgétaire. 

Alors que le Conseil national s’apprêtait à discuter un budget avec un excédent de quelques 435 millions de francs (!), et que le magasine Bilan affichait en Une les 300 plus grosses fortunes de Suisse, Caritas tentait d’alerter en vain le Conseil fédéral sur la hausse de la pauvreté dans le pays, celle des enfants notamment (plus de 100 000, selon l’organisme d’entraide). Une pauvreté liée à la politique délibérée du gouvernement sortant et de l’écrasante majorité des Chambres, faisant le choix de passer comme un rouleau compresseur sur les classes populaires, les subalternes, les dominé·e·s. 

Étrange sensation que celle d’entendre le Conseiller fédéral Ueli Maurer se féliciter d’une économie florissante, une période faste « peut-être la meilleure de toute l’histoire de la Suisse », grâce notamment à « la croissance supérieure à la moyenne des bénéfices des sociétés et des recettes fiscales qui en découlent » et de « l’imposition à la source des dividendes ». Ce qui ne l’empêchait pas de mettre en garde les député·e·s contre un trop grand optimisme en pointant du doigt les coûts induits par la RFFA, quelques 2 milliards, qui grèvent déjà les caisses de l’État, dont un milliard destiné à compenser une partie des pertes des cantons. 

« Un programme d’austérité complet »

Ueli Maurer, se prenant un instant pour Churchill, annonçait alors du sang et des larmes, ou quelque chose d’approchant : « Je peux donc vous garantir, poursuivait-il, un programme d’austérité complet pour la fin de cette législature ou pour la prochaine », avec à la clé, la « maîtrise des coûts » et la « réforme de l’AVS ».  

Le budget accepté par l’écrasante majorité des conseillers·ères nationaux·ales accompagne cette politique. Par leur vote, les député·e·s ont donc avalisé les plans d’austérité du gouvernement pour les années à venir. Certes, le Conseil national a pu grapiller quelques centaines de millions de francs pour la formation, l’agriculture et le personnel fédéral, mais de fait, la direction prise reste la même. Pas de renversement de la majorité ici, pas de vote contestataire visant à dire au gouvernement qu’il fait fausse route. Même le renforcement numérique des femmes, mis en lumière par la presse, n’a pas empêché le rejet très net d’une maigre proposition socialiste d’ajouter 1 million de francs au budget du Bureau de l’égalité. 

Les mobilisations sociales des femmes et pour la justice climatique doivent se poursuivre inlassablement, s’amplifier, recourir à l’arme du référendum et de l’initiative, mais surtout adopter des mesures de lutte déterminées. Nous voulons toutes et tous ensemble contraindre le gouvernement et les Chambres à répondre aux besoins de la population. Nous en serons les relais sans défaillance à Berne, inlassablement…

Stéfanie Prezioso

Conseil Fédéral : rien ne bouge

 Ce 11 décembre les Chambres réunies élisaient le Conseil fédéral. Tous les groupes se sont prononcés avant le vote, relevant à leur manière les qualités du système politique helvétique, un « pays de l’équilibre » disait-on à droite, de la « stabilité » soulevait-on à gauche, capable d’intégrer toutes les formes de contestations sociales. Seul grain de sable dans cette machine parfaitement huilée, la présentation par les Verts de la candidate Regula Ritz, qui ambitionnait de détrôner le tessinois PLR Ignazio Cassis. 

Sans surprise, cette candidature verte n’a pas obtenu les voix nécessaires. Cela ne veut pas dire pour autant que cette postulation était une bonne idée, comme nous l’avons franchemement expliqué à nos ami·e·s vert·e·s. Pour Ensemble à Gauche, la participation minoritaire à un gouvernent de droite antisocial et antiécologiste est une fausse fenêtre, comme l’a montré la politique du Parti socialiste depuis des décennies. Notre place est dans l’opposition au parlement, et avant tout dans la rue avec les jeunes grévistes pour le climat. SP