Enfin un geste en faveur des travailleurs·euses précaires

À Genève, un projet de loi permettant d’indemniser les travailleurs·euses précaires qui ont perdu leurs revenus durant la crise du Covid-19 a enfin été accepté au Grand Conseil par 51 voix contre 47. 

Caravane de solidarité, Genève, 18 juin 2020
La Caravane de solidarité a déplacé ses distributions de nourriture à Palexpo.

Les aides cantonales et fédérales ont exclu de larges secteurs de la population, avec des conséquences désastreuses. Après les centaines de millions libérés en faveur des entreprises, la tardive enveloppe de 15 millions votée à Genève en faveur de la population se justifie amplement. Bien que le projet reste timide, que ce soit au niveau des montants assurés ou de la durée couverte (2 mois), cela demeure une aide indispensable qui soulagera des personnes plongées dans une précarité inacceptable.

Les entreprises avant les précaires

Depuis le début de la crise, l’État de Genève a multiplié les aides aux entreprises et aux indépendant·e·s. Lors de sa session de mai, le Grand Conseil avait même voté un complément aux aides fédérales pour les cadres d’entreprises. Pourtant, de nombreuses personnes se sont retrouvées exclues des aides cantonales et fédérales. Il s’agit de travailleurs·euses précaires qui n’ont pas pu bénéficier du chômage partiel (RHT). La liste d’individus concernés est longue : les faux·sses indépendant·e·s, les travailleurs·euses temporaires et en CDD qui ont été remercié·e·s avant l’annonce de l’extension des RHT et des APG, des travailleurs·euses sur appel, des travailleurs·euses de l’économie domestique, des travailleurs·euses sans-papiers, des acteurs·trices culturel·le·s précaires…

Les syndicats, ainsi que de nombreuses associations du social, ont alerté à ce sujet depuis plusieurs semaines en exigeant des aides pour des personnes qui pourraient basculer dans l’indigence. Le Conseil d’État a finalement déposé un projet de loi plutôt modéré. En effet, il n’a pas souhaité inclure les travailleurs·euses vivant en dehors du canton. La durée de l’aide est par ailleurs plafonnée à 4000 francs par mois et limitée à deux mois, alors que la crise persiste dans de nombreux secteurs. Le montant estimé par le gouvernement, 15 millions, est très légèrement supérieur aux 14 millions votés il y a un mois à une grande majorité, par tous les partis sauf EàG, en faveur d’un complément d’indemnisation pour les cadres d’entreprises.

Il est regrettable qu’il ait fallu attendre la troisième session du Grand Conseil post-confinement pour voter un tel projet. C’est tard lorsque l’on vit avec peu. Les longues files d’attente aux Vernets l’ont démontré ! Le vote de cette loi marque toutefois une reconnaissance inédite des travailleurs·euses précaires sans-papiers et apportera une aide indispensable. C’est un premier pas, même insuffisant, qu’il convient toutefois de saluer. 

Jocelyne Haller