La gratuité des transports publics régionaux séduit toujours plus de cantons

Les initiatives pour la gratuité des transports publics cantonaux se multiplient, avec Vaud qui rejoint Neuchâtel et Fribourg. C’est l’occasion de rappeler ce qui fait de cette idée un projet écosocialiste porteur.

Action du mouvement Panka Nu pour la gratuité des transports publics dans le métro de Stockholm
En Suède, le mouvement Planka incite à la désobéissance civile pour imposer la gratuité des transports publics en payant les amendes de ses membres.

La gratuité des transports publics régionaux n’est pas une idée nouvelle : de nombreuses villes françaises et belges ainsi que la capitale estonienne Tallinn l’ont déjà réalisée, et le Luxembourg l’a instaurée sur son territoire national. Ces expériences révèlent le potentiel de cette mesure et inspirent les initiatives cantonales suisses.

Une mesure de transition écologique, sociale
et sanitaire

Les expériences de ces nombreuses villes montrent que l’instauration de la gratuité des transports publics engendre une réduction significative de l’utilisation de la voiture. Ainsi, la gratuité des transports publics régionaux, combinée avec une volonté politique de continuer à investir dans la qualité des réseaux et des infrastructures, font partie des mesures dont la Suisse a besoin pour atteindre ses objectifs climatiques. Elle permet aussi de réduire les coûts de santé liés à la mobilité, auxquels la voiture contribue à la hauteur de 71 %.

La gratuité des transports publics augmente en outre substantiellement le pouvoir d’achat des ménages. En Suisse, les économies réalisées par ménage dépasseront de loin celles observées dans d’autres villes et pays : aujourd’hui, les usager·ère·x·s contribuent à la hauteur de 44 % aux frais des transports publics, et les dépenses liées aux transports s’élèvent à 7.7 % du budget des ménages.

De plus, la gratuité rend les transports publics accessibles à des personnes qui aujourd’hui doivent s’en priver ou recourir à la fraude. L’expérience de villes françaises montre que la majorité des nouvelles·aux usager·ère·x·s des transports publics suite à leur gratuité sont des personnes avec des revenus modestes ou précaires. En Suisse, le nombre de personnes voyageant sans titre de transport valable a augmenté de 25 %. En cas d’amende, ceci peut enclencher des cercles vicieux d’endettement et de poursuites. La gratuité des transports publics favorise donc l’inclusion sociale.

Franziska Meinherz

L’initiative vaudoise : une coalition large

L’idée d’une initiative cantonale pour des transports publics gratuits séduisait la gauche radicale du canton depuis de nombreuses années. Maintenant, le moment est venu : le 21 avril, le comité d’initiative annonçait le lancement de l’initiative pour cet automne. Le comité d’initiative est constitué de solidaritéS, du POP, des jeunesses vert·e·s et socialistes, de la Grève du climat et du parti pirate.

FM

Bataille gauche-droite à Fribourg

L’initiative constitutionnelle garantissant des transports publics gratuits a été déposée avec plus de 7000 signatures (6000 sont nécessaires). Un gros travail a été fourni par les organisations de jeunesse du PS, des Vert·e·s, du POP et de solidaritéS pour rassembler les signatures en pleine deuxième vague du Covid. 

La votation populaire devrait avoir lieu en 2022, un an plus tard si le Grand Conseil décide de lui opposer un contre-projet. La campagne sera marquée par une bataille gauche-droite, le PSF et les Vert·e·s ayant apporté leur soutien à l’initiative. En parallèle, plusieurs motions seront discutées (au Grand Conseil et dans certains législatifs communaux), portant sur une gratuité limitée à certaines catégories de population.

PAC

Financement et urgence climatique à Neuchâtel

Lancée en octobre 2017, une initiative cantonale demande la gratuité des transports publics sans réduction des prestations. 

Le manque de rentrées financières pourrait être compensé par une réduction des déductions fiscales liées aux frais de déplacement. Selon nos calculs, ce sont 45 millions par an qui pourraient ainsi revenir aux transports publics. Cela constituerait un nouveau point de départ pour une extension des transports publics (desserte et fréquence) afin de permettre un transfert dans le mode de déplacement.

Ce projet s’inscrit dans le contexte global de réduction impérative des émissions de CO₂ pour répondre à l’urgence climatique. À cela s’ajoute la lutte contre toutes les autres nuisances du trafic automobile : bruit, pollution de l’air, micro-particules, usure des routes.

JS