Migros, une entreprise familiale façon mafia ?
Sous-traitant de Smood à qui elle fournissait des livreurs·euses, Simple Pay vient de licencier 218 de ses employé·e·s. La raison ? Smood refuse de payer suffisamment Simple Pay pour que l’entreprise se mette en conformité avec la loi ! Le point lors de la conférence de presse du syndicat Unia le 7 septembre dernier.
Alors que l’on s’apprête à fêter les un an du début de la grève du personnel de Smood, Simple Pay cesse ses activités n’arrivant pas à se conformer à la décision de l’Office cantonal de l’emploi genevois qui considère comme illégale la pratique de ne pas payer le temps d’attente et seulement le temps de livraison. La faute à Smood, dit Simple Pay. Smood s’en lave les mains, annonce même reprendre une partie du personnel et vante sa Convention Collective signée avec le syndicat, ultra minoritaire dans l’entreprise, Syndicom.
Unia en défendrait presque Simple Pay ! Enfin presque, parce que les avocat·e·s des salarié·e·s et les responsables du syndicat décrivent Simple Pay comme une coquille vide, dépendant à 99 % de Smood, qui permet à cette dernière de se soustraire à ses obligations d’employeur (en la déchargeant notamment des arriérés de salaires dû depuis la décision de l’Office de l’emploi). Le syndicat estime la responsabilité de Smood à 10 millions de francs !
Plus largement, Unia dénonce ce « modèle d’affaire » non rentable sans une participation financière de ses employé·e·s ! Les salarié·e·s présent·e·s lors de la conférence de presse égrainent les exemples : en plus du temps d’attente non payé qui pouvait durer des heures, des remboursements de frais basés sur des déplacements à vélo alors que les distances demandées de livraison exigeaient l’utilisation d’un véhicule à moteur, des réparations sur son véhicule à la charge de l’employé·e, etc.
Et que vient faire Migros dans cette galère ? Premier groupe suisse dans le secteur de la grande distribution et principal employeur privé du pays, le géant orange est à la fois le principal actionnaire (à hauteur de 46 %) de Smood et son plus gros client. En clair, Migros sous-traite à Smood qui sous-traitait à Simple Pay… le ruissellement de la précarité !
Interpellée par des journalistes, Migros botte en touche, renvoie vers son sous-traitant voire vers le syndicat partenaire de son sous-traitant ! L’image d’entreprise familiale déjà écornée par la lutte de ses salarié·e·s étudiant·e·s prend un nouveau coup. Migros doit assumer ses responsabilités de réel employeur en assurant à ses salarié·e·s des conditions de travail dignes !
Thomas Vachetta