Du salon à lusine, vingt portraits de femmes: un autre regard sur lhistoire du canton de Vaud
Du salon à lusine, vingt portraits de femmes: un autre regard sur lhistoire du canton de Vaud
Lors des commémorations du bi-centenaire du canton de Vaud en 2003, les féministes vaudoises ont décidé que les femmes ne seraient pas, une fois de plus, les oubliées de lhistoire. Elles ont lancé le projet «20 femmes 1803-2003» dans le but de faire connaître et fêter des femmes de milieux différents, ayant vécu et exercé leur activité au cours des deux derniers siècles en région vaudoise. Des plaques commémoratives ont été posées dans une dizaine de communes lors de fêtes chaleureuses. Enfin un livre, un joli objet en plus, été édité dans lequel les deux historiennes présentent en quelques pages illustrées la vie de ces vingt femmes.
Bien évidemment le choix est arbitraire, car des centaines de femmes auraient mérité dêtre tirées de loubli, mais les auteures lont voulu représentatif des divers secteurs dactivités (arts, littérature, science, usine) et classes sociales. Et lon découvre une richesse extraordinaire parmi ces parcours de femmes. On ne demande quà les approfondir! La démarche devrait être reprise par dautres cantons, voire par des communes. Genève annonce dailleurs une prochaine publication sur ses pionnières et un livre historique sur les héroïnes genevoises prend forme.
Dans cette recension vaudoise, je vous signale, très subjectivement, quatre chapitres qui mont spécialement frappée:
Caroline Olivier-Ruchet (1803-1879), la femme de lécrivain Juste Olivier était elle-même une femme de lettres, une intellectuelle, autant estimée que son époux dans le monde littéraire romand, mais peu à peu, à mesure que la famille sagrandit et que les difficultés financières saccroissent, cest Juste seul qui mène une véritable carrière littéraire, tandis que Caroline doit renoncer à son activité créatrice pour se vouer à son foyer.
Clémence Royer (1830-1902), «une intellectuelle denvergure et non dénuée de culot» , une réfugiée politique qui donne des cours de philosophie aux dames de Lausanne, cela va provoquer un tollé!
Les cigarières de la fabrique Vautier à Yverdon qui en 1907 font éclater une grève contre leurs conditions de travail. Puis les grévistes licenciées vont créer leur propre entreprise, la coopérative de production de cigarettes La Syndicale, qui leur assurera un meilleur salaire, la diminution de leur temps de travail et laccès à des congés payés!
Cécile Biéler-Butticaz (1884-1966), la première femme ingénieure de Suisse romande, donc lunique étudiante de lEcole dingénieurs de Lausanne. Elle quitte la profession pour soccuper de ses trois enfants, mais reprend après linterruption familiale et donne des cours de physique à lUniversité de Genève. Son petit-fils écologiste était conseiller dEtat jusquà fin 2003.
Maryelle BUDRY
Les auteures, Corinne Dallera et Nadia Lamamra, présenteront leur livre «Du salon à l’usine -Vingt portraits de femmes vaudoises» samedi 5 juin à 14 h à la librairie L’Inédite (15 rue Saint-Joseph à Carouge) à l’occasion de la fête des 25 ans de l’unique et dernière librairie féministe de Suisse.