Fonctionnaires = prestations!

Fonctionnaires = prestations!

Lettre ouverte signée par une cinquantaine de salarié-e-s de l’Office d’orientation et de formation profesionnelle

Non promu! Vlan, votre aîné vient de recevoir son bulletin de notes scolaires et il n’a pas la moyenne. ça ne peut plus durer, pensez-vous. Qu’il se trouve une voie qui le motive et se mette au travail. Téléphone à l’orientation professionnelle: un rendez-vous? Pas avant un mois!!! Pas de chance, votre appel se noie dans les quasi 18 000 demandes de consultation en orientation reçues par le service. La secrétaire s’excuse: «Désolée, je ne peux vous passer la conseillère, aujourd’hui elle reçoit le tout-venant à Plainpalais.» C’est qui ça, le tout-venant? C’est Monsieur Tout le Monde, employé de banque «restructuré» de la finance genevoise, et Madame Tartempion «burned out» d’une start-up qui, eux aussi, se cherchent une nouvelle voie professionnelle! Qu’à cela ne tienne! Le petit n’a qu’à s’informer sur dossier et faire un stage d’orientation: c’est excellent pour se trouver une vocation. Au téléphone, le collaborateur de «Contact-Entreprise» rafraîchit poliment votre enthousiasme: «Nous croulons sous les demandes de stages. Pourtant nous en organisons plus de 4700 chaque année. Remplissez déjà le bulletin d’inscription, mais je vous préviens: votre fils ne sera pas en stage avant deux mois.»

A l’Etat, c’est à peu près partout le même topo! Hôpitaux, soins à domicile, parascolaire, commissariats de police, les services qui vous apportent de l’aide sont débordés. La population croît, tout comme ses besoins en prestations sociales, conséquence de la dégradation de l’emploi et du durcissement des conditions de travail (certains parlent de modernisation de l’économie!). Les enseignants, travailleurs sociaux, psychologues, médecins, personnel d’accueil aux guichets (eh oui, derrière chaque prestation il y a un fonctionnaire) rattrapent tant bien que mal dans le «filet social» toutes les catégories de victimes lâchées en vol par le système infernal des licenciements «diktés» par la bourse en folie: mobbés en dépression, cohortes multicolores d’enfants à scolariser, working poors aux abois, ados «incivils», universitaires frais émoulus au chômage avant d’avoir jamais travaillé, travailleurs âgés à l’assistance après une vie de labeur, cadres «outplacés», mères cheffes de familles à bout de nerfs et leurs enfants sans repères… Bref: des gens comme vous et moi, embarqués que nous sommes dans la même galère!

Brrr! Sombre tableau direz-vous! Attendez: vous n’avez pas encore tout vu! C’est là qu’entrent en scène nos autorités politiques. Le plan qu’ils vous proposent: couper dans les budgets, réduire et démanteler la fonction publique (et les prestations qui vont avec, cf. plus haut….). Vous devez les comprendre: les impôts ont baissé de 12% et maintenant les caisses de l’Etat sont mises à mal!

Ne vous laissez pas abuser, citoyens et habitants de Genève: refusez d’aggraver le chaos social. Et au prochain défilé de fonctionnaires dans les rues de Genève, n’oubliez pas que c’est pour vous qu’on bosse et qu’on fait grève!