Assurance maternité: le oui doit enfin l’emporter!

Assurance maternité: le oui doit enfin l’emporter!

Le 26 septembre prochain sera mis en votation un nouveau projet minimaliste d’assurance maternité, devant concrétiser l’article constitutionnel adopté par le peuple en 1945. Entretien avec Catherine Laubscher Paratte, secrétaire centrale d’UNIA. (réd)

Comment évalues-tu nos chances de gagner la votation sur l’assurance maternité qui est une nouvelle fois soumise au peuple?

Nous en sommes à la quatrième tentative. Ce projet-ci est extrêmemement modeste dans ses prestations puisqu’il s’agit d’une simple extension du système d’allocations pour perte de gain, aujourd’hui exclusivement réservé aux mlitaires.

Les femmes salariées, attestant de 5 mois de travail au cours de leur grossesse, auront toutes droit à au moins 14 semaines de congé maternité, rémunéré à 80% de leur salaire. Les réglementations plus favorables, actuellement en vigueur dans les CTT ou dans les réglementations publiques, resteront évidemment valables.

La révision proposée est bien timide: elle va bien moins loin que ce que nous revendiquons depuis des décennies. Et pourtant, l’affaire n’est pas dans le sac.

Pourquoi donc?

En Suisse on a déjà vu bien des fois que ce n’est jamais l’heure ni le bon moment pour améliorer le quotidien des femmes et des familles. On se gargarise de politique familiale, mais où sont les majorités pour les concrétiser? Concernant les prochaines votations, l’UDC mène une campagne idéologique avec une foule d’affirmations fallacieuses. Ils prétendent entre autres qu’il s’agit d’une nouvelle assurance sociale, coûteuse et compliquée, que le congé maternité existe déjà dans la loi sur l’assurance maladie, que seule une minorité de femmes seraient concernées et que la maternité est une affaire privée. Bref, ils agitent le spectre du bébé étatisé. On peut craindre que ces arguments portent, d’autant qu’ils sont associés au discours sur les caisses vides. A cela s’ajoute le fait que beaucoup de personnes ne réalisent pas que de nombreuses femmes, surtout dans les secteurs sans conventions collectives, ne disposent actuellement, en cas de maternité, d’aucun congé payé ou alors d’un congé très court, de trois à huit semaines.

Comment mettre les chances de notre côté?

D’abord se mobiliser et tout faire pour que personne ne néglige cette votation. Les organisations sysndicales et politiques ont une lourde responsabilité dans cette campagne qui apparaît comme une solution de dernière chance. Un rejet de ce projet serait catastrophique pour les familles. Les femmes en Suisse n’auraient avant longtemps plus aucune occasion de voir se concrétiser l’assurance maternité qui leur est promise depuis 1945. Il faut démonter les arguments mensongers des référendaires et notamment rappeler que l’octroi d’allocation pour perte de gain en cas de maternité n’engen-drera pas un seul franc de subvention publique. Les allocations pour perte de gain reposeront – comme pour le militaire – exclusivement sur les coitsations paritaires. Il faut dire aussi que le système proposé amène une solidarité entre tous les salarié-e-s et tous les secteurs économiques. Il réparerait aussi une injustice crasse, puisque jusqu’à ce jour toutes les femmes versent en Suisse une cotisation APG pour les militaires, sans aucune contre-prestation. Ce sont 6 milliards de francs qui ont ainsi été donnés par les femmes, par pure solidarité contrainte!

Et que dirais-tu à ceux et à celles qui doivent se pincer pour soutenir un projet si minimaliste?

Je leur dirais que le projet, aussi minimaliste qu’il est, amènerait des améliorations non négligeables pour bien des femmes, notamment par le fait que les incapacités de travail survenant avant l’accouchement ne pourront pas être prises sur le minimum légal des 14 semaines de congé maternité. Les féministes ont appris qu’ «un tiens» vaut mieux que deux tu l’auras. Et rêvons un peu: le prochain combat sera un congé parental d’une année!

Entretien réalisé par Marianne EBEL