Oui à l’initiative «Services postaux pour tous»

Oui à l’initiative «Services postaux pour tous»

«Services postaux pour tous», tel est l’intitulé de l’initiative syndicale lancée pour tenter de freiner la restructuration de La Poste, et soumise au vote le 26 septembre prochain. Son contenu est le suivant:

«La Confédération garantit un service postal universel répondant aux besoins et aux attentes de la population et de l’économie. La réalisation de cet objectif requiert un réseau d’offices de poste qui couvre l’ensemble du pays. La Confédération veille à ce que les communes soient associées aux décisions relatives au réseau des offices de poste.

Les coûts occasionnés par le service postal universel qui ne sont couverts ni par les recettes des services réservés ni par les redevances de concession sont pris en charge par la Confédération.»

Cette initiative, qui sera mise en votation le 26 septembre prochain, ne remet pas en cause la libéralisation du trafic postal qui a été adoptée par les Chambres fédérales à la quasi unanimité en 1997. Or c’est cette libéralisation qui, en ouvrant le marché des lettres et des colis à la concurrence, est à l’origine des restructurations de La Poste: fermeture de plus de 700 offices postaux et de centres de tri, remise en cause du statut des employé-e-s au travers de la convention collective notamment. En effet, en perdant le monopole public sur les parties les plus rentables du marché, La Poste est affaiblie alors que les transnationales du courrier (DHL etc.) accaparent ces segments très profitables. C’est la raison pour laquelle la loi sur La Poste ne parle plus de service public mais de service universel, terme repris par l’initiative. Ce changement de terme n’est pas anodin car le service universel peut être assuré par n’importe quel acteur, public ou privé.

Une initiative pour rien?

L’initiative demande que le réseau d’offices de poste couvre l’ensemble du pays mais ne définit aucune norme à ce sujet. Ainsi les suppressions d’offices dans les villes notamment ne sont pas contradictoires avec les termes de l’initiative et l’association des communes aux décisions n’est pas là pour nous rassurer quand on sait à quel point La Poste s’est généralement moquée de leur point de vue. Le seul point nouveau réside dans la couverture du déficit du service universel par la Confédération. Mais là encore cela ne signifie pas le maintien des prestations et des conditions de travail du personnel dans leur état actuel, ce d’autant plus que la Confédération pour réduire son propre déficit coupe dans les prestations et s’attaque aux conditions de travail. Par ailleurs, nous retrouvons le mécanisme bien connu de la prise en charge des déficits par les collectivités publiques alors que les profits sont laissés aux acteurs économiques privés.

OUI tout de même

Toutes celles et tous ceux qui souhaitent le retour au service public dans le domaine du trafic postal ne trouveront pas, hélas, dans l’initiative un outil permettant d’atteindre ce but. Il convient de le dire afin de ne pas créer des illusions à ce sujet. Faut-il pour autant ne pas appeler à voter oui à cette initiative. Nous ne le pensons pas. D’une part, un rejet massif de ce texte serait un signe à La Poste et au Conseil fédéral pour accélérer encore la restructuration. D’autre part, c’est la première fois que la parole est donnée aux citoyennes et aux citoyens depuis la libéralisation du secteur postal et c’est l’occasion, en votant oui, d’exprimer le refus de la politique menée depuis 1997.

Bernard CLERC