Contre le «fascisme rampant»

Contre le «fascisme rampant»

Trois questions à Viviane Maurutto, initiatrice de la pétition
«NON aux pistolets à électrochocs contre les
requérants d’asile!»

Tes motivations pour lancer cette pétition?

Une réaction élémentaire d’être humain face à l’inhumanité
de la loi… Après le travail de mémoire lié au
rapport Bergier sur la Suisse au cours de la dernière
guerre, la responsabilisation devant l’Histoire par rapport
au refoulement de dizaines de milliers de victimes
du nazisme, je refuse d’être complice de mesures,
apparentées à la torture, contre des étrangers-ères
qu’on expulse aujourd’hui…

Au-delà d’une mesure ciblant des requérants, cette loi
est emblématique de la menace pour les droits de toutes-
tous dans ce pays. Si on n’est pas capables de s’y
opposer, on ne sera pas capables de s’opposer à tout
l’arsenal répressif accru visant les «dissidents» qui
s’opposent à l’«ordre nouveau» néolibéral. La formule
de Brecht vient à l’esprit: Quand ils sont venus chercher
les communistes, syndicalistes, juifs, catholiques… je
n’ai rien dit, quand ils sont venus me chercher, il n’y
avait plus personne pour protester. Or quand on voit
des restrictions toujours accrue aux libertés publiques,
la mise en cause du droit de manifester, pour s’opposer
au WEF de Davos, des projets de lois comme celui
à Genève qui s’en prend au droit de manifester, des
militant-e-s inculpés pénalement pour des actions syndicales,
comme dans l’affaire des TPG à Genève, le
durcissement systématique des lois contre les étrangers-ères et demandeurs d’asile… on mesure les tendances
autoritaires à combattre: un vrai «fascisme
rampant».

Quelles ont été les réactions à la pétition en cours
de récolte?

La pétition que j’ai lancée – à titre individuel – a rassemblé
en quelques jours plus d’un demi millier de
signatures. Elle a été déposée le 31 janvier, pour tenir
compte des délais parlementaires genevois, mais chacun-
e peut encore la faire signer pour renforcer le message1.
L’appui des gens qui l’ont vu a été massif, renvoyant
d’«en-bas» l’image d’une majorité d’habitants
de ce pays réellement attachée aux principes de justice
et d’humanité. Les seules réserves qu’on m’a rapportées
proviennent de gens qui ont eu de la peine à croire
qu’une telle loi était réellement en train d’être préparée.
« On ne fait pas ce genre de choses chez nous!» ont-ils
dit, et pourtant…

Quelles suites aura la pétition?

Elle est adressée aux autorités genevoises pour leur
demander de s’opposer – dans le cadre de la consultation
– au projet de Loi sur l’usage de la contrainte et
particulièrement à son article sur l’usage des appareils
à électrochocs. J’espère que les autorités genevoises
iront dans ce sens… qu’à travers le pays des sursauts
du même type se manifesteront. Mais ce n’est qu’un
début, il faut se préparer à se mobiliser à l’échelle nationale
quand le projet arrivera devant les Chambres et, à
mon avis, un référendum fédéral devra être lancé si la
loi passe! (réd.)

  1. Pétition disponible sur www.solidarites.ch