La liberté d'opinion et d'expression remise en cause à l'USS!

La liberté d’opinion et d’expression remise en cause à l’USS!

Secrétaire juriste à l’Union syndicale suisse (USS), Romolo Molo a été licencié de son poste pour avoir participé à une conférence de presse annonçant le lancement du référendum contre la libre circulation des personnes. Relevons d’abord que cette sanction très grave est d’autant plus disproportionnée et choquante que le référendum de gauche s’est dégonflé comme une baudruche. Les lectrices et lecteurs de ce journal ont suivi, dans nos colonnes, le débat à ce propos et les raisons pour lesquelles notre mouvement s’est opposé à son lancement. L’USS a pour sa part également renoncé à lancer un tel référendum.

Dans solidaritéS, comme dans certaines fédérations syndicales et parmi les diverses composantes de la gauche, la discussion a parfois été vive. La sanction prise contre Romolo Molo est totalement contraire à la conception de la démocratie qui est celle de solidaritéS. Il n’est pas admissible de régler des divergences d’opinions par des sanctions, exclusions ou tout autre mesure administrative. «La liberté, c’est toujours au moins la liberté de celui qui pense autrement», et Rosa Luxembourg, dans sa critique des mesures répressives prises par les bolcheviks, poursuivait ainsi: «Non pas en vertu du fanatisme de la “justice”, mais parce que tout ce que la liberté comporte d’instructif, de salutaire et de purifiant dépend de ce principe et cesse d’être efficace lorsque la “liberté” devient un privilège»*. Il s’agit là d’une position de principe qui est également la nôtre.

Nous ne faisons pas pour autant preuve d’angélisme: la participation de Romolo Molo à la conférence de presse du comité référendaire peut être qualifiée, selon les points de vue, de provocation, de faux-pas ou d’erreur, et ce compte tenu de la position très majoritairement opposée au référendum adoptée par l’USS et ses fédérations. Mais son licenciement constitue à coup sûr une réponse inadmissible, du point de vue du respect de la démocratie syndicale. Les opinions que défend Romolo Molo ont toute leur place dans le mouvement syndical et le fait que ce juriste soit engagé professionnellement par l’USS n’y change rien! La sanction prise affaiblit le mouvement syndical dans son ensemble: la liberté de débattre des orientations et des choix syndicaux est un corollaire indispensable de la reconstruction ou du renforcement de la capacité d’agir des salarié-e-s pour résister aux multiples facettes de l’offensive antisociale de la droite et des employeurs. (jmd)

* Rosa Luxembourg, Œuvre II, Maspero, 1971, p.83.