Service public en danger: qui veut privatiser les hôpitaux?

Service public en danger: qui veut privatiser les hôpitaux?

Le refus de la loi EHM a été très présent dans les manifestations du 1er mai à Neuchâtel. Il faut dire que le 27 avril, le PS avait tenu conférence de presse commune avec les radicaux et les libéraux pour la défense de cette loi, combattue par les syndicats. En effet, comme le montre l’exemple neuchâtelois, battre la droite aux élections ne suffit pas, encore faut-il changer de politique! Nous reproduisons ci-dessous l’allocution d’André Babey, membre du comité référendaire, à la manifestation de Neuchâtel (réd)

L’Union Syndicale Cantonale Neuchâteloise, le SSP, UNIA, le Parti Ouvrier Populaire, Solidarités, Attac mènent campagne pour refuser la loi sur l’EHM (établissement hospitalier multisite).

Depuis le 27 avril, 17 jours après la victoire de la gauche aux élections cantonales, une nouvelle majorité radicale, socialiste et libérale s’est formée pour continuer de défendre la loi EHM comme s’il n’y avait pas eu de changement politique. La position du PSN contre les syndicats et les forces politiques refusant cette loi représente un coup bas, et très bas, à l’encontre des citoyen-nes de gauche concernés. Le chantage consistant à dire qu’il faudra fermer des hôpitaux si cette loi ne passe pas, est détestable. Les référendaires sont pour un EHM mais pas avec cette organisation-là, ni avec la philosophie politique de la loi soumise au peuple.

Un révolutionnaire français disait: Tout a changé pour que rien ne change. Serait-ce déjà que le soufflé retombe? Que le mouvement d’enthousiasme du soir du 10 avril est happé par le consensus voulu par les trois anciens partis gouvernementaux?

Pour mémoire, les syndicats de l’USCN, le POP, Solidarités, Attac contestent d’abord l’idéologie politique de la loi sur l’EHM. Nous ne voulons pas, selon l’art 1 de la loi, d’un établissement de droit public, indépendant de l’Etat.

Nous ne voulons pas, selon l’art 9, la privatisation des conditions de travail du personnel. La convention collective devra être renégociée avec le conseil d’administration dans deux ans et non plus avec le Conseil d’Etat.

Nous ne voulons pas délivrer, selon l’art 21, les pouvoirs de la stratégie et de la politique de l’EHM à un conseil d’administration qui est défini comme le pouvoir supérieur. Nous ne voulons pas que ce conseil d’administration puisse déterminer lui-même la réorganisation des fonctions des sites sans le Grand Conseil. Ainsi il se pourrait que l’hôpital de La Chaux-de-Fonds ne garde que les fractures du fémur et la gériatrie sans que les autorités politiques n’aient rien à décider.

Le Grand Conseil doit désormais décider uniquement de l’enveloppe budgétaire annuelle, conformément au new public management, et de la fermeture d’un hôpital.

Pour les référendaires, le Grand Conseil se lave les mains et laisse aux technocrates le soin de diriger les hôpitaux.

Enfin petite cerise sur le gâteau, selon l’art 20, le Conseil d’administration fixe lui-même les rémunérations de ses membres, qui seront approuvées par le Conseil d’Etat, mais pas par le Grand Conseil. C’est aussi ça la privatisation rampante. Vous connaissez les salaires des administrateurs des Conseils d’administration de ce pays. Pourquoi imposer cette charge nouvelle d’un conseil d’administration aux hôpitaux neuchâtelois?

Cher-e-s collègues, cher-e-s camarades, c’est avec la ferme volonté de défendre le personnel de la santé et la Santé comme un service public de qualité sous le contrôle des citoyens que nous vous demandons de voter NON et NON et NON le 5 juin à la loi EHM.

Henri VUILLIOMENET