Canton de Soleure: réfugiés d'hier et d'aujourd'hui

Canton de Soleure: réfugiés d’hier et d’aujourd’hui

Le 8 juin 2005, la revue de l’émigration italienne «La Pagina» signalait une série d’activités organisées par la commune soleuroise de Grenchen pour célébrer le bicentenaire de la naissance de Giuseppe Mazzini1. Dirigeant du mouvement républicain «Giovine Italia» et du réseau «Jeune Europe», Mazzini se réfugia en Suisse, après l’échec de l’expédition de Savoie (1834). C’est à ce moment que débuta son séjour à Grenchen.

La présence du dirigeant de «Jeune Europe» en Suisse incommodait les pays voisins, en premier lieu le royaume du Piémont (dont la Savoie faisait partie). Au printemps 1836, Mazzini fut arrêté et conduit à Soleure, puis relâché avec l’injonction d’avoir à quitter la Suisse dans les 24 heures. Afin d’empêcher cette expulsion, l’assemblée communale de Grenchen (par 122 voix contre 22) déclara Mazzini citoyen de la localité. Décision immédiatement annulée par le gouvernement soleurois2: le 2 janvier 1837, Mazzini dut quitter la Suisse.

A l’ouverture des cérémonies en l’honneur de Mazzini, Boris Banga (maire de Grenchen, élu socialiste au Conseil national) a salué le républicain italien comme un précurseur.

Or, le canton de Soleure – où se trouve Grenchen – s’est récemment signalé par son attitude inhumaine envers les réfugiés: le gouvernement prétendait refuser l’aide sociale aux requérants d’asile déboutés3. Cette décision a fait l’objet d’un recours au Tribunal fédéral, déposé par l’association IGA-SOS Racisme, et le gouvernement soleurois a été désavoué par la cour suprême.

Cette différence entre théorie (du passé) et pratique (du présent) est fâcheuse. Les autorités de Grenchen pourraient faire envers les réfugié/es d’aujourd’hui le même geste que leurs ancêtres envers Mazzini? Un exemple qui pourrait être suivi ailleurs…

Soleurois, Suisses, encore un effort pour être républicains!

Hans-Peter RENK

  1. «Les républicains neuchâtelois et Giuseppe Mazzini», solidaritéS n° 7 (17 avril 2002).
  2. En été 1831, Eugène Armand, journaliste d’origine française et rédacteur du «Messager neuchâtelois» connut une mésaventure analogue. Pour empêcher son expulsion, l’assemblée communale de Bevaix (NE) lui avait accordé le statut de «communier». Le gouvernement royaliste annula cette décision et envoya même un émissaire biffer à l’encre noire le compte-rendu de l’assemblée ainsi désavouée dans les procès-verbaux de la commune de Bevaix.
  3. Cf. interview de Françoise Kopf (animatrice de l’association IGA-SOS Racisme à Soleure), in: Le Courrier, 18.6.2005