Dans les bacs

Dans les bacs

Légende Soul

En 1962, à l’âge de 16 ans, Betty Haskin est découverte par un producteur R&B de Detroit et sort son premier album sous le nom de Bettye LaVette. Elle deviens rapidement une véritable légende de la soul, et enregistre de nombreux singles pour plusieurs labels, sans toutefois rencontrer un grand succès commercial. Elle est pourtant à l’origine de plusieurs morceaux cultes de la soul, tels que «Let me down easy», «He made a woman out of me», «Take another piece of my heart» ou encore «My man».

Souvent comparée à Tina Turner pour sa voix rauque, Bettye LaVette a une fluidité et une intensité de chant tout simplement extraordinaire. Avec la sortie de I’ve Got My Own Hell To Raise , Bettye effectue un retour au devant de la scène qui ne manquera pas d’être remarqué.

Bettye LaVette, I’ve Got My Own Hell To Raise , Anti/Pias

Broadcast intimiste

Fondé il y a dix ans à Birmingham, Broadcast s’est implanté dans le paysage électro psychédélique avec deux albums qui ont marqué les esprits: The Nooise Made By People et HaHa Sound . C’est sous une forme épurée que revient le groupe, réduit à un duo composé de la chanteuse Trish Keenan et du bassiste James Cargill. Tender Buttons est une sorte d’antithèse des albums précédents, puissants et groovy. Broadcast distille aujourd’hui une électro mélodieuse et aérienne, dans le style de la vague nordique des Múm, Bang Gang ou Lady and Bird. Un disque poétique qui détonne un peu dans le catalogue du renommé label Warp.

Broadcast, Tender Buttons , Warp

Patchwork alléchant

Si vous aussi, vous classez vos disques par style musical, vous serez bien empruntés pour ranger The Chase , premier album de Brisa Roché, nouvelle découverte du label Blue Note. Précisément, le label laisserait de prime abord penser qu’il s’agit de jazz et que Brisa serait la nouvelle Nora…

Pourtant, bien qu’ayant usé les planches des clubs jazz parisiens depuis trois ans, la Californienne de 31 ans nous livre un album bigarré, qui s’ouvre avec un puissant rock sixties («Airplane»). «Dans le Vert de ses Yeux» et «Coco» sont des chansons françaises, «Billionaire» est un tango, «Little Robot» s’apparente à de la pop, «Torchlight» au folk et «Intermission 1» à la musique classique… Tous ces titres ont cependant en commun le charme insoutenable de Brisa Roché, dont la voix douce et envoûtante se pose sur des compositions hors pair. Indiscutablement, la place de ce disque est dans le lecteur CD!

Brisa Roché, The Chase , Blue Note

On veut de la chair!

A bientôt 30 ans, Océane Michel, décrite comme «sociologue du plumard» par Libération , sort Don Juan , son premier opus, après 7 ans de scènes. Décalé, rigolard et cru, cet album a la beauté malfaisante d’un diamant noir. Si vous commencez à vous lasser du côté un peu lisse de Bénabar and co, jetez vous sur cette galette impudique et impertinente. Oshen fait indiscutablement partie de cette relève des «nanas qui décoiffent», aux côtés de Jeanne Cherhal, Pauline Croz ou Olivia Ruiz. Jouissif…

Oshen, Don Juan , V2 Music

Black Rebel Motorcycle Club

C’est en référence à l’équipée sauvage de 1952 que Peter Hayes, Robert Turner et Nick Jago baptisent leur groupe Black Rebel Motorcycle Club (BRMC). Après de nombreux concerts à San Francisco et Los Angeles où il se construisent une solide réputation, ils sortent en 2002 un premier album éponyme qui fait sensation. L’attente suscitée par ce succès sera difficile à combler et le second opus Take Them On, On Your Own sera plus que décevant… C’est donc une sacrément bonne surprise de voir le groupe revenir avec un troisième album, Howl , en effectuant un changement de cap particulièrement réussi! Exit la disto poussée à outrance sur des guitares électriques acides, l’ambiance se veut plus feutrée, ancrée dans une instrumentation laissant une large place à l’acoustique. Un régal qui oscille entre Dylan, les Stones et le Springsteen de Nebraska.

Black Rebel Motorcycle Club, Howl , RCA

Brut et excentrique

En comparaison à Danny Cohen, Tom Waits est un enfant de cœur et Devendra Banhart est conventionnel… Celui qui a réussi le tour de force de se faire virer des scènes californiennes dans les années soixante pour… scatologie est réapparu en 2004 avec Dannyland et a sorti il y a quelques mois We’re All Gunna Die . Un album aussi magnifique que déroutant, entre folk rugueux, musique de bar enfumé et opéra-rock déjanté. Chaque morceau évoque la mort de quelque chose ou de quelqu’un, et le disque se termine en une sorte de synthèse avec le titre ayant donné à l’album son nom.

Danny Cohen, We’re All Gunna Die , Anti

Erik GROBET