Défendre l'emploi et le service public

Défendre l’emploi et le service public

Le Grand Conseil genevois a voté, ce mois de juin, le budget 2006, après avoir passé la moitié de l’année sous le régime des 12e provisoires. Ce budget d’austérité, devant répondre au «ni augmentation d’impôts, ni diminution de prestations» touche la population précarisée et le personnel de la fonction publique et du secteur subventionné par les mesures de «réorganisation de l’Etat». Nous avons rencontré la présidente du Cartel intersyndical, Andrée Jelk-Peila, pour recueillir sa réaction.

Quelle est la réaction du Cartel, concernant la rémunération du personnel, après l’adoption du budget?

Ce qui est acquis, en terme de rémunération, correspond aux points mentionnés dans le protocole d’accord signé par le Cartel et le Conseil d’État le 20 mars. Si le Conseil d’Etat a tenu ses engagements pour 2006, le Cartel également en acceptant d’entrer en discussion sans pour autant s’engager à en accepter toutes les conclusions. Ainsi, l’indexation de 0,4% est acquise et rétroactive au 1er janvier 2006. Elle est pourtant inférieure à la progression réelle du coût de la vie, estimée à environ 1,2%. Une annuité entière sera versée sur 6 mois, alors que rien de tel n’était mentionné dans le 1er projet de budget. Enfin, si la progression de la prime de fidélité est bloquée, elle sera cependant versée aux ayant droit pour la première fois (personnes travaillant depuis 5 ans à l’Etat). Elle atteindra le niveau prévu par la loi: 30% pour les classes 4 à 8 et 15% dès la classe 9. L’an dernier, les ayant droit pour la première fois n’avaient touché respectivement que 12,5% et 27,5%, cette année ils vont toucher 15% et 30%. Pour les autres employé-e-s, il n’y a pas de progression de la prime.

Et de manière plus générale?

Nous sommes en désaccord total quant à la non réintroduction des forfaits transports et vêtements pour les bénéficiaires de l’aide sociale, baisses auxquelles s’ajoutent celles induites par les nouvelles normes de calcul dès le 1er juillet 2006. Nous déplorons aussi les coupes budgétaires dans les différents départements. Il y a une forte pression sur le personnel des HUG (Hôpitaux universitaires) et de l’administration centrale (non remplacement en cas de congés, congés maternité et PLEND). Cela provoque non seulement une détérioration des prestations, due à la surcharge de travail pour les employé-e-s, mais également une augmentation du stress et une atteinte à la santé et la sécurité au travail. C’est pour cette raison que nous demanderons la mise sur pied d’un groupe de travail ad hoc.

Le budget 2006 vient d’être voté, et il faut déjà se pencher sur celui de 2007?

Les négociations vont se passer durant l’été, car le Conseil d’Etat tient à le présenter dans les temps, à savoir au mois de septembre. Pour 2007, le Conseil d’Etat a promis une annuité entière et la reprise des réévaluations collectives (classes de fonction). Le Cartel demande que ces réévaluations soient honorées financièrement. S’il y a échelonnement, il faut débuter par les classes les plus basses, sans pour autant oublier les autres. L’aspect rétroactif a été enterré par le précédent gouvernement. Au sujet de l’indexation, nous exigeons qu’elle soit pleine et entière, la conjoncture le permet. En matière d’objectif de législature, le Conseil d’Etat vise une diminution de 5% de la masse salariale, tout en accordant des miettes pour les mécanismes salariaux, il va donc tailler dans les effectifs. Le Cartel s’opposera à ces coupes et se battra pour que des postes soient accordés et affectés en fonction des besoins. Nous remplirons notre mandat syndical, la défense de conditions de travail acceptables.

Cet automne, le Cartel va devoir se mobiliser contre le PL 9275a, qui propose l’abolition du statut de fonctionnaire…

Nous l’avons déjà fait quand 15 000 fonctionnaires ont signé la pétition exigeant le maintien de ce dernier. Le Grand conseil ne peut passer outre cet avis unanime.

Nous nous battrons pour le maintien d’un cadre statutaire qui protège les travailleurs-euses contre les licenciements économiques et qui exclut toute forme de salaire au mérite mais propose la transparence. Nous lutterons pour la reconnaissance et la liberté de l’action syndicale sur les lieux de travail. Nous exigerons du personnel en suffisance pour assumer les tâches de l’Etat sans en déléguer aucune au secteur privé. Enfin, nous demandons une indexation, en relation avec l’augmentation réelle du coût de la vie, inscrite dans la loi.

Nous sommes prêts à examiner certaines modifications du système salarial, à savoir, un 13e salaire plutôt qu’une prime de fidélité, des annuités plus rapides en début de carrière (et donc un plafonnement plus long par la suite) pour autant que le revenu assuré en fin de carrière ne soit pas modifié à la baisse.

Propos recueillis par Marie-Eve TEJEDOR