Le commerce de la guerre doit cesser

Le commerce de la guerre doit cesser

Des armes suisses sont utilisées pour «la guerre contre
le terrorisme» et tuent chaque jour dans les pays les plus
pauvres. De 2003 à 2005, la Suisse a en effet exporté du
matériel de guerre pour un montant officiel de1,04 milliard de
francs, dont 78% a été livré à des pays qui
participent à la prétendue «guerre contre le
terrorisme» conduite par les Etats-Unis en Irak et en
Afghanistan. En outre, le Conseil fédéral autorise encore
et toujours des exportations de matériel de guerre vers des
régions connaissant les pires difficultés de
développement. Ainsi, de 2003 à 2005, des armes suisses
d’une valeur supérieure à 93 millions de francs ont
été exportées au Botswana, où
l’espérance de vie est inférieure à 35 ans
en raison notamment de l’épidémie de SIDA.
Durant la guerre de cet été au Proche-Orient qui, en deux
mois, a coûté la vie à au moins 1187 civils (dont
un tiers d’enfants âgés de moins de douze ans) au
Liban, 170 dans les territoires occupés palestiniens et 40 en
Israël, l’armée israélienne a lancé des
centaines de «bombes à sous-munitions» sur les
villages du sud du Liban. Ces munitions sont particulièrement
meurtrières pour les populations civiles en raison des milliers
de ratés, qui tuent encore longtemps après la fin des
combats. Il est très probable que cette technologie
meurtrière viennne largement, là aussi, de Suisse. En
effet, sur les 1835 sous-munitions non explosées
repérées au 23 août 2006 par le Centre de
coordination d’action contre les mines des Nations Unies au sud
Liban, 608 étaient du type «M-85», selon le New York
Times. Ce type de sous-munitions a été
développé conjointement par les industries
d’armement israélienne (Israeli Military Industries) et
suisse (RUAG) au cours des années nonante. L’initiative
pour l’interdiction d’exporter du matériel de
guerre, lancée par le GSsA… et que solidaritéS
soutient dans le cadre d’«A gauche toute!»,
interdirait ce genre de transfert de technologies en matière
d’armements.
En Suisse, environ 1000 places de travail seulement dépendent
directement de l’exportation de matériel de guerre (selon
le Secrétariat d’Etat à l’économie
pour les exportations de matériel de guerre en 2005 et Swissmem
pour la branche). On est donc très loin de la «perte de
200 000 emplois» dont parlaient les opposants à la
précédente initiative contre les exportations
d’armes, rejetée en 1998.
La principale différence de l’initiative actuelle,
c’est que l’article de loi pour l’interdiction du
matériel à double usage (civil et militaire) a
été supprimé. Mais même les 1000 places de
travail affectées ne doivent pas être
considérées comme perdues. L’initiative stipule que
la Confédération doit encourager la transformation des
entreprises d’armement pour la production civile. Or chez RUAG,
le principal fabricant d’armes suisse, elle a une influence
directe sur les décisions stratégiques puisqu’elle
en est l’unique propriétaire. Nous vous appelons donc avec
insistance à signer et surtout à faire signer cette
initiative populaire fédérale. Infos et listes de
signatures peuvent se télécharger sur:
www.solidarites.ch! En outre, deux démarches urgentes qui visent
la suspension de la collaboration avec Israël en matière
d’armement doivent être soutenues immédiatement:

  • Premièrement, l’exigence que le Conseil national
    traite en urgence le postulat 04.3289, déposé par le
    camarade rouge-vert de Zoug Jo Lang, il y a plus de deux ans et
    signé par 90 parlementaires qui demandent la suspension du
    commerce de matériel militaire avec tous les pays du
    Proche-Orient. A relever que le Conseil fédéral, dans sa
    réponse rejetant ce postulat, a osé écrire que:
    «La suspension des achats et des ventes d’armes et de
    matériel de guerre en provenance ou à destination de tout
    le Proche-Orient ne serait pas seulement une rupture par rapport
    à la pratique suivie jusqu’à présent en
    matière d’autorisation d’exportation de
    matériel militaire, mais entraînerait de surcroît
    une perte de crédit pour la Confédération en tant
    que partenaire de négociations…» Bel aveu tant sur
    les «pratiques» helvétiques, que sur les bases du
    «crédit» international que ce gouvernement
    dominé par Blocher et ses comparses, entend donner à la
    Suisse, pourtant Etat dépositaire des Conventions de
    Genève!
  • Deuxièmement, nous invitons à soutenir un appel qui
    sera bientôt adressé aux membres du conseil national pour
    qu’ils-elles refusent les crédits, à hauteur de 30
    millions de francs prévus dans le budget de l’immobilier
    militaire soumis au conseil national lors de sa prochaine session
    d’automne, pour l’installation de l’IFASS
    (système intégré d’exploration et
    d’émission radio) produit en grande partie en Israël
    par une filiale de l’entreprise d’armements IAI (Israeli
    Aircraft Industries).

Dans le contexte de la récente guerre de l’Israël
contre le Liban et de la guerre continue contre le peuple palestinien,
l’arrêt de la collaboration militaire de la Suisse avec
l’armée et les industries d’armement
israéliennes est une revendication centrale pour le mouvement
pacifiste, solidaire et anti-guerre. L’issue de cette discussion
décidera du positionnement de la Suisse non seulement face
à la question palestinienne, mais aussi du camp qu’elle
aura choisi dans la «guerre contre le terrorisme».

Tobia SCHNEBLI