Sobriété et décroissance
« L'écologie sans lutte des classes, c'est du jardinage »
Interviewée dans le journal de la ville de Neuchâtel N+ en mai, Mila Meury, militante, élue au Conseil Général de la ville de Neuchâtel et candidate au conseil national pour solidaritéS NE, souligne : « nous en sommes convaincu-e-s, la décroissance peut réellement participer à notre émancipation, qu’elle soit intellectuelle, artistique, affective ou matérielle ! »
Quand on évoque la décroissance, ou le concept de « sobriété », la plupart des gens imagine une vie austère, sans plaisir. Avec l’urgence climatique, nous devrons cependant adapter notre mode de vie en ralentissant et modifiant nos habitudes de consommation. La sobriété ne doit pas être abordée de la même manière selon la classe sociale d’où nous sommes issus. Demander aux personnes qui luttent déjà quotidiennement pour boucler leur fin de mois en travaillant plus de 40h par semaine, de se restreindre encore, n’est pas juste. Pour nous permettre de modifier nos modes de consommation, nous avons besoin de mesures politiques fortes qui remettent en cause le système capitaliste qui nous détruit, ainsi que notre planète.
Travailler moins peut conduire à d’autres formes d’épanouissement. En effet, un Suisse sur cinq dit aujourd’hui être stressé au travail. De plus en plus de personnes souhaitent désormais une activité à temps partiel, et l’idée d’une semaine à quatre jours payée cinq, fait son chemin. Être riche en temps, plutôt qu’en argent permet p. ex. de profiter de ses proches, de participer à des événements culturels ou à la vie de son quartier.
D’un point de vue collectif, la création de coopératives, ou l’organisation de marchés gratuits, comme celui qui a eu lieu à la place des Halles, en marge du honteux Black Friday, grâce aux collectifs militants du canton, dont solidaritéS, permettent de créer des espaces qui favorisent le lien social. Les gens se retrouvent pour échanger des objets et des idées. Nous en sommes convaincu-e-s, la décroissance peut réellement participer à notre émancipation, qu’elle soit intellectuelle, artistique, affective ou matérielle !
Actuellement, les personnes les plus précaires subissent de plein fouet l’augmentation du coût de la vie. Dans ce cas, la sobriété est subie et non voulue. Demander des efforts de sobriété à la population pour limiter notre impact sur le climat, oui ! Mais à qui ? Rappelons que les 1 % des plus riches consomment au moins 5 fois plus de CO2 que la classe moyenne inférieure. Ce sont ces mêmes personnes qui vont combattre les mouvements pour une décroissance ou de limitation de l’usage des énergies fossiles à travers divers lobbying. C’est à elles que nous devons imposer aujourd’hui plus de sobriété !
Au niveau communal, nous luttons contre les politiques d’austérité qui touchent systématiquement les droits des employé-e-s, ou des milieux culturels, ou encore pour une justice fiscale. solidaritéS s’engage au sein de la Commune pour défendre les personnes les plus précaires et pour faire rimer justice sociale et climatique.
Mila Meury-Touré