référendum contre l'élargissement des autoroutes

Conférence de presse – 25.10.2024

« Alors que le Conseil fédéral prévoit une politique de redressement du budget de la Confédération, en économisant 5 milliards, notamment dans les subventions pour les crèches, les caisses maladie, la protection de l’environnement, ou encore l’aide internationale, il propose, sans sourciller, une dépense de 5 milliards pour élargir des autoroutes. A l’heure où les forêts brûlent, les glaciers fondent, les rivières débordent… les premières économies devraient être faites justement dans le développement du trafic routier, qui causera directement ou indirectement des dégâts humains et écologiques considérables.

solidaritéS, en tant que mouvement anticapitaliste, s’oppose à toute nouvelle construction ou élargissement de routes qui permettraient, au mieux de faciliter l’usage de la voiture, au pire d’augmenter le trafic motorisé individuel.

La droite continue de nous faire croire que sans le développement continuel de notre réseau routier, pourtant déjà le plus dense d’Europe, nous courrons à la catastrophe économique. Pourtant, la catastrophe se profile bel et bien devant nous. Les conséquences, déjà visibles, affecteront les zones les plus pauvres de la planète, et généreront des mouvements de populations sans précédent. Au niveau local, plus de routes, signifie plus de bruit et de nuisances pour les habitant-e-s qui vivent à proximité.

Rien que pour la construction de ces nouvelles routes, le bilan écologique est inacceptable. Cela demandera de couler des milliers de tonnes de béton armé, nécessitant l’importation de matériaux, depuis leur lieu d’extraction, en passant par divers sites de transformations… Les gaz à effet de serre et les nuisances pour la production de ciment sont gigantesques. Cela sans compter les nombreux trajets que devront effectuer les véhicules des chantiers. Il est à noter que ces données ne sont pas prises en compte dans les calculs du coûts/bénéfices du projet présenté par le Conseil fédéral jusqu’à présent.

A cela s’ajoutent les chiffres minimisés, voire cachés, par les autorités sur les coûts externes des effets du trafic routier, comme le révèle le rapport Office fédéral du développement territorial ARE. Dans ce rapport, on estime que la tonne de CO2 s’élèverait à 430 CHF au lieu des 140 CHF annoncés. Ce chiffre calcule l’ensemble des coûts externes provoqués par les différents moyens de déplacement, tels que les coûts sanitaires (accidents, qualité de l’air, nuisances sonores…), environnementaux (paysages, pollutions de l’air) et d’entretien (nettoyage des façades etc.). Ces coûts externes représentent 18,1 milliards/an, épongés par chaque citoyen-ne, à travers les primes maladie entre autre. La transmission de ce rapport a été retenue par les services d’Albert Rösti. Depuis la publication de celui-ci, les autorités manquent totalement de transparence et de clarté. Alors qu’on nous ressasse continuellement les bénéfices de nouvelles autoroutes pour l’économie suisse.

Cette dépense, en plus d’être anti-écologique, est antisociale. Les sondages de Tamedia et SSR montrent une corrélation entre les revenus et l’acceptation du scrutin. Parmi les personnes sondées, celles qui ont un revenu mensuel de moins de 4000.- s’y opposent. Plus le revenu des gens augmente, plus l’acceptation est élevée. L’élargissement des autoroutes répondrait donc aux besoins des personnes les plus aisées et non des personnes précarisées.

Les milliards prévus pour les autoroutes pourraient servir à éviter des coupes budgétaires, voire à d’autres investissements. Quand on parle du rail, on nous rétorque que des projets coûteux, comme celui de la gare de Lausanne, se feront en parallèle. Mais quid d’une baisse des coûts des billets, de subventions pour les personnes les plus précaires, ou d’abonnements plus avantageux ? Il nous paraît élémentaire de diminuer drastiquement le trafic motorisé ou électrique individuel en stoppant les investissements en la matière, au profit du rail, des transports en commun et de la mobilité active. Renoncer au « tout bagnole » n’est plus un choix mais une nécessité pour baisser les émissions carbones. Cela passe par une amélioration rapide du réseau des transports publics et surtout, par la diminution des coûts des billets, pour que cela devienne concurrentiel à l’usage de la voiture.

Pour conclure, chez solidaritéS, la diminution du trafic s’insère dans une vision plus globale d’un changement de société souhaité, avec une économie de décroissance. En effet, nous aspirons à une économie locale, des circuits courts et surtout une baisse de la production et consommation. Nous militons notamment pour la baisse du temps de travail, ce qui induit également une baisse des déplacements, ainsi que la possibilité pour tou-s-tes de travailler à proximité de son domicile.

Finalement, la mobilité douce et active, va de pair avec une société qui ralentit et permet d’améliorer la qualité de vie, plutôt que la croissance économique. »

                                                               Pour solidaritéS, Mila Meury-Touré