Les droits des femmes ne sont jamais complètement acquis
Dans l’imaginaire collectif, travailler en tant que fonctionnaire signifie bénéficier de conditions salariales et sociale avantageuses. Pourtant, les employées de l’administration cantonale réalisaient durant leur période de grossesse qu’elles ne sont pas encore protégée de certaines discriminations.
Une femme enceinte est sensée travailler jusqu’à son terme si elle veut bénéficier de 20 semaines de congé maternité, soit 146 jours après la naissance de son enfant.
Dans les 24 jours qui précèdent l’accouchement, si une employée de l’administration cantonale cesse son activité professionnelle pour des raisons médicales, elle ne saura qu’après l’accouchement si ces jours lui seront déduits de son congé maternité. En effet, seul le médecin cantonal a le pouvoir de valider un arrêt de travail avant la naissance. Le médecin traitant de l’employée concernée doit adresser à ce dernier un formulaire dans lequel il justifie la nécessité médicale de cet arrêt. Cette mesure vise à limiter les soi-disant abus. Cela sous-entend aussi que se préparer à l’arrivée d’un enfant est un pur confort dont les mères pourraient très bien se passer. La décision du médecin cantonal est souvent rendue plusieurs semaines après la naissance et peut parfois prendre de court des jeunes mères qui ont dû retourner au travail quelques jours après en avoir pris connaissance.
Cette incertitude quant à la date de fin du congé maternité pose des difficultés organisationnelles à tous les niveaux : les familles peinent ainsi à anticiper la garde et l’entrée en crèche de leur enfant ; les responsables des services cantonaux sont dans l’impossibilité de savoir jusqu’à quand un-e remplaçant-e doit être engagé-e.
Pour éviter cette situation, les employées essaie de travailler jusqu’au dernier moment. À croire qu’accoucher au bureau serait encore ironiquement la meilleure solution.
Le syndicat des services publics (SSP), conscients de cette aberration, a déposé une motion « pour un congé maternité non tronqué » en fin d’année 2021.
La réponse apportée par les députés, à majorité de droite, va à l’encontre de toutes les attentes des signataires. En effet, le PLR propose de régler la question en passant de 20 semaines à 16 semaines de congé maternité pour, soi-disant, s’aligner sur le privé. L’UDC frappe encore plus fort en proposant le minimum requis par le droit fédéral, soit 14 semaines.
Les syndicats et les collectifs féministes appellent à s’opposer massivement à cette régression d’un droit durement acquis. Le secteur privé offre souvent d’avantage que ce qui est aujourd’hui proposé au vote du Grand Conseil. Par exemple, la CCT horlogère donne droit à 18 semaines de congé et l’entreprise Philip Morris, jusqu’à 22 semaines. A l’heure où l’on parle de congé parental, de droit à une prolongation de la durée du congé en cas d’allaitement, le gouvernement neuchâtelois avance à contre-courant en faisant des économies sur le dos des mères et de leurs enfants. Une situation scandaleuse qui appelle aux rassemblements des syndicats, des collectifs féministes et des parties de gauche, prêts à se battre pour que les droits des femmes durement acquis ne soient pas remis en question.
Pour SolidaritéS Neuchâtel, Mila Meury, 18.01.2022