8 mars, journées de lutte pour les droits des femmes

Dans les années 1910, des militantes communistes ont fait du 8 mars la journée de lutte pour le droit des femmes. En 2017, la mémoire de cette date a été ravivée et elle est à nouveau un moment fort contre les oppressions dont sont toujours victimes les femmes, mais également les personnes trans et non-binaires.

Grève féministe du 8 mars 2018,
Madrid.

8 mars 2017 – « Une journée sans les femmes »

Le 3 octobre 2016, des centaines de milliers de femmes descendent dans les rues de Pologne pour protester contre un projet de loi qui vise l’interdiction totale de l’avortement. Le 19 octobre de la même année, les féministes argentines se mobilisent pour dénoncer les violences sexistes et les féminicides, avec le slogan Ni Una Menos (pas une de moins), depuis repris aux quatre coins du globe.

À partir de là, des appels pour une mobilisation féministe massive le 8 mars 2017 sont lancés dans plus de 30 pays, dont l’État espagnol, l’Ukraine, le Pakistan, les Philippines, le Nigéria ou encore le Portugal, avec pour mot d’ordre collectif « une journée sans les femmes ».
En Italie, des collectifs féministes appelaient à une grève pour « construire des espaces politiques et physiques trans-féministes et antisexistes, dans lesquels puissent se pratiquer la résistance et l’autogestion, des espaces libres de toute hiérarchie de pouvoir, de la division sexuelle du travail, des harcèlements. ».

Aux États-Unis, à la suite de l’élection de Donald Trump, un texte rédigé notamment par Cinzia Arruzza, Tithi Bhattacharya, Nancy Fraser et Angela Davis dénonce la violence multiple faite aux femmes et aux personnes trans et non-binaires : « [une] violence domestique, mais aussi une violence du marché, de la dette, des relations de propriété capitaliste, et une violence d’État ; une violence des politiques discriminatoires envers les femmes lesbiennes, trans ou queer ; une violence étatique de criminalisation des migrantes ; une violence d’incarcérations de masse; et une violence institutionnelle contre les corps des femmes à travers l’interdiction des avortements et le manque d’accès à des soins et à l’avortement gratuits. »

8 mars 2018 – Grève féministe générale dans l’État espagnol

En Italie, en France mais surtout dans l’État espagnol, des collectifs féministes qui s’auto-organisaient depuis des mois appellent à une grève féministe générale le 8 mars 2018 : grève sur les lieux de travail salarié, mais aussi grève du travail reproductif et de la consommation.
Le jour même, la mobilisation des femmes et des personnes trans et non-binaires, ainsi que de leurs allié·e·s, dépasse toutes les attentes des organisatrices. Entre 5 et 6 millions de personnes descendent dans les rues et ce malgré un appel à la grève partiellement boycotté par les appareils syndicaux traditionnels. Pour beaucoup, cette journée désormais historique représente la fin de l’isolement et le retour du collectif comme mode d’action politique, mais aussi comme mode de vie.

En Suisse, la journée est marquée par le dépôt à la Chancellerie fédérale de l’Appel d’elles, une pétition lancée un mois auparavant par des collectifs de défense des droits des personnes migrantes. Ils y dénoncent les violences subies par les femmes durant leur parcours migratoire et exigent que celles-ci soient prises en compte dans la procédure d’asile.

8 mars 2019 – Multiplication des grèves et mobilisation historique en Suisse

En Suisse, le 8 mars 2019 réunit des centaines de milliers de femmes, du jamais vu dans le pays. Cette date symbolique constitue également un rendez-vous essentiel pour construire les collectifs locaux qui organiseront la mobilisation historique du 14 juin de la même année.
En Belgique, le premier appel à une grève nationale est lancé, avec des revendications portant sur les retraites et les rentes, sur la gratuité et la qualité des services publics, sur la socialisation et le partage des tâches domestiques, mais également pour le démantèlement des centres fermés et la transition écologique.

En Turquie, 40 000 personnes s‘approprient les rues pour dénoncer le meurtre de 440 femmes l’année précédente malgré l’état d’urgence décrété par le gouvernement d’Erdogan.

Vers le 8 mars 2020 – pour un féminisme anticapitaliste, antiraciste et éco-socialiste

Les mobilisations de ces dernières années ont permis de mettre en lumière les discriminations qui touchent spécifiquement les femmes et les personnes trans et non-binaires dans toutes les sphères et à tous les instants de leur vie. Mais la lutte contre un système capitaliste qui a fait son temps ne peut pas se contenter d’être féministe. Le féminisme que nous défendons doit être un féminisme des 99 %, pour l’émancipation de tou·te·s. Parce que nos vies et notre planète valent plus que leurs profits, nous voulons la réduction du temps de travail et le partage des richesses. Nous voulons du temps pour vivre !


Noémie Rentsch