«Six de Saragosse», symbole de la répression policière
La montée de l’extrême droite dans le monde amène à un durcissement de la répression. Le cas des «Six de Saragosse» est un nouvel exemple.
Dans le contexte des élections de 2019 en Espagne, une manifestation est organisée à Saragosse le 17 janvier pour dénoncer les discours haineux de Vox, le parti d’extrême droite. Plusieurs heures après la dissolution de la manifestation par des charges policières, deux mineurs et quatre majeurs de moins de 25 ans sont arrêtés à différents endroits.
Ces arrestations se basent sur leur «proximité géographique», mais surtout sur des motifs racistes et sur la nouvelle Loi organique relative à la protection de la sécurité publique, entrée en vigueur le 1er juillet 2015. Cette loi prévoit des sanctions allant jusqu’à la prison pour les personnes qui manifestent devant le Congrès et le Sénat ou encore qui filment des policier·es. Elle accroît aussi le pouvoir de la police, en renforçant le poids des dénonciations policières dans le cadre des procédures judiciaires.
Dans ce procès pour «troubles à l’ordre public» et «atteinte à l’autorité», les dénonciations ont constitué la seule preuve à charge, malgré plusieurs contradictions des policiers dans leurs déclarations. Aucun enregistrement n’a pu prouver leur présence et les témoins de la défense ont été ignorés.
Le 16 avril dernier, après cinq ans de procédure, deux des quatre majeurs condamnés à quatre ans et neuf mois d’emprisonnement ont fait leur entrée en prison. Les deux mineurs ont été condamnés à une amende de 11000 euros ainsi qu’une année de mise à l’épreuve.
Les six doivent aussi se répartir les 260000 euros de frais de justice, ajoutant à la répression policière et judiciaire une pression économique. La décision de déposer un recours au tribunal de Strasbourg sera tranchée en septembre. Mais cette démarche implique de nouveaux frais et ne suspend pas les peines de prison.
Face à cette situation, la campagne «Libertad 6 de Zaragoza» a été lancée, avec plus de 15 mobilisations dans tout le pays depuis 2019, un crowdfunding et plusieurs t-shirts. La campagne a été relayées par les médias espagnols, portant avec succès la question de la répression en dehors des cercles militants. Mais elle ne peut se passer d’un soutien international.
Cet exemple souligne l’importance des pratiques antirep dans nos luttes: que ce soit se former en amont ou soutenir les personnes visées par la répression, il est primordial de construire un réseau unitaire de ressources judiciaires et de solidarité économique. Et il ne faut pas se tenir à une position de réaction mais agir contre les lois liberticides et pour notre droit à dénoncer le facisme rampant aujourd’hui.
Florent Blanc