Communiqué: Non à l'instrumentalisation de la liberté d'expression au profit de l'islamophobie

Le mouvement SolidaritéS condamne le meurtre sanglant de l’enseignant de Samuel Paty et l’attentat de Nice commis par des personnes se revendiquant de l’idéologie mortifère de l’organisation ultra – réactionnaire de l’Etat Islamique (EI).

Toutes nos pensées vont aux familles et aux proches des victimes. Face à ces assassinats, il est nécessaire de défendre partout et tout le temps la liberté d’expression, la liberté pédagogique, la liberté d’association, de conscience et de culte.

En même temps, solidaritéS dénonce l’instrumentalisation des classes dirigeantes françaises et des médias dominants de ces évènements tragiques pour concentrer et renforcer leurs attaques sur les populations musulmanes en France et les personnalités et groupes s’attaquant aux politiques islamophobe et plus généralement raciste d’Etat.

En effet, les agressions et violences contre les populations musulmanes et leurs lieux de prières se sont multipliées.  Parallèlement, le gouvernement de Macron menace d’interdire et de dissoudre plus de 50 associations musulmanes, comme le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) dont le rôle est de porter assistance aux victimes de l’islamophobie. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a déjà annoncé la dissolution de Baraka City, une ONG humanitaire de lutte contre la pauvreté tandis que la mosquée de Pantin a été fermée.  Sans oublier, l’expansion de la criminalisation de mineur·e·s pour « apologie du terrorisme, complicité et menaces de morts ».

Dans une moindre mesure, des organisations , et militant··.e·s de gauche ont également été ciblé.e.s : tag « collabos » sur le siège du Parti Communiste français, violentes campagnes médiatiques contre les député·.e·s de La France insoumise ainsi que contre des journalistes engagé·e·s, menaces de mort contre des militant·.e·s politiques et syndicaux, etc. 

La responsabilité du gouvernement français dans cette explosion de violence et de haine racistes est sans conteste. Gérald Darmanin n’a par exemple pas hésité à établir une continuité entre « rayons halal » et « séparatisme », tandis que le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a déclaré que « l’islamo-gauchisme » gangrénait l’université, comme les rangs de la France insoumise, et y faisait « des ravages ». Blanquer a fini par affirmer que « ces gens-là favorisent une idéologie qui, ensuite, de loin en loin, mène au pire ». Le message est clair : ces organisations et personnalités sont accusé·e·s de complicité dans les attentats commis ces dernières semaines. 

Les politiques du gouvernement français légitiment et banalisent les discours et thèses des organisations d’extrêmes droites. Il encourage ainsi les violences ciblant les populations et symboles musulmans. Cet approfondissement de l’offensive islamophobe se déroule alors que le gouvernement Macron fait face à un certain nombre de défis et difficultés politiques, sur fond de crise sociale et sanitaire et de colère sociale depuis le mouvement des gilets jaunes.

Face à la montée continue de l’autoritarisme et de l’islamophobie du gouvernement français, le mouvement solidaritéS affirme sa solidarité totale envers toutes celles et tous ceux qui sont victimes de ces politiques, en particulier les populations musulmanes, et son soutien aux organisations syndicales et politiques, associations antiracistes et collectifs musulmans, qui combattent l’islamophobie, d’où qu’elle vienne, des sommets de l’État français ou de l’extrême droite.