La crise sanitaire exacerbe les inégalités de genre

Communiqué de solidaritéS – 8 avril 2020

Protégeons les travailleuses des secteurs essentiels, partageons le travail reproductif non rémunéré et luttons contre la violence sexiste 

Le patriarcat et le capitalisme tuent. Mobilisation de solidaritéS pour la Grève des féministe

Depuis le début de la pandémie du coronavirus, dans les hôpitaux, les EMS, mais aussi dans le secteur du nettoyage ou de la vente de nombreuses personnes travaillent au quotidien et d’arrache pieds. Ces secteurs d’activité, dits de reproduction sociale, sont habituellement peu valorisés au profit des secteurs de la production. Ils sont actuellement au centre de la lutte contre la crise socio-sanitaire à laquelle nous faisons face. Les femmes sont très largement majoritaires au sein de ces corps de métiers. 75% des vendeurs sont des vendeuses, 86% des infirmiers sont des infirmières. Il en va de même pour le personnel des soins à domicile. 

Les femmes assurent également la plus grande part du travail de reproduction non-rémunéré :  soin aux enfants et aux personnes âgées, la préparation de repas au quotidien ou nettoyage du foyer. Cette charge de travail quotidienne a considérablement augmenté ces dernières semaines, avec la fermeture des écoles et l’instauration du télétravail : assurer le travail scolaire malgré tout, préparer à manger pour l’ensemble de la famille tout à coup constamment présente à l’heure de tous les repas, nettoyer un logement qui se salit bien plus vite lorsque l’on y vit à plusieurs tout le temps, …En parallèle celles qui ont une activité salariée doivent continuer à l’exercer! Comble de l’hypocrisie, le Conseil fédéral a enterré a enterré le 4 avril dernier, un projet de financement d’urgence de 98 millions pour les structures d’accueil de jour. Ces structures accueillent encore tous les jours les enfants de celles et ceux contraint.e.s à aller travailler. 

De nombreuses incitations nous poussent aujourd’hui à rester chez nous. Dans certains cas, rester chez soi est un facteur d’insécurité. Les périodes de confinement renforcent les mécanismes de violence à l’égard des femmes. Les violences domestiques sont en augmentation depuis le début de la pandémie. Il faut donc urgemment déployer des mesures pour lutter à tout prix contre toutes les formes de violences sexistes ou sexuelles qui peuvent se déployer à l’intérieur des foyers. Il faut garantir l’éloignement de la personne violente de la maison. Il faut mettre à disposition des lieux de vie sûr pour toutes les victimes de cette violence, les femmes, personnes LGBTIQ, ainsi que leurs enfants. 

Parce que la crise sanitaire actuelle renforce les inégalités et les mécanismes d’exploitation et de domination des femmes et des personnes LGBTIQ, solidaritéS revendique 

  • Des moyens financiers et humains pour les secteurs de la reproduction (c’est-à-dire au secteur de la santé, de la vente de première nécessité et du soin à la personne). Ces moyens doivent servir à engager du personnel supplémentaire, en leur garantissant un salaire et des protections salariales exemplaires, pour éviter la sous dotation en personnel.  
  • La Suspension immédiate de la mesure du CF sur l’extension du temps de travail maximum au-delà des 60 heures par semaine pour le personnel soignant et respecter la loi sur le travail dans sa forme antérieure au coronavirus. Réduire les horaires d’ouverture des commerces alimentaires, pour réduire le risque d’infection du personnel. 
  • La garantie de matériel sanitaire (masque, gants, gel hydrocalcoolique, …) en suffisance et en priorité pour les personnes les plus exposées au virus, notamment dans les secteurs des soins, de la vente et du nettoyage. Si nécessaire, réorienter la production vers la fabrication de matériel médical et ce en concertation avec les délégué·es syndicaux et s’assurer que ce matériel soit distribué en priorité aux personnes les plus exposées au virus, notamment dans les secteurs de la vente et du nettoyage. 
  • La fermeture de toutes les entreprises non-essentielles avec un maintien du salaire. Cette mesure permet d’éviter que le supplément de charge de travail reproductif non-rémunéré ne retombe de faits sur le dos des femmes, pour qui la double journée de travail, habituellement harassante, deviendrait tout bonnement invivable.
  • La garantie aux femmes seules avec des enfants, et qui travaillent dans des secteurs essentiels, des solutions de garde pour leurs enfants. Si tel n’était pas le cas, elles doivent pouvoir exercer un droit de retrait avec la garantie du salaire à 100%. 
  • L’ouverture de plus de lieux d’accueil d’urgence pour les femmes, les personnes LGBTIQ et les enfants victimes de violences dans leur foyer. La Suspension des procédures de renvoi pour que les femmes en situation illégale puissent demander de l’aide sans risquer de se faire expulser. 
  • La diminution du temps de travail sans diminution du salaire pour tous les parents astreints au télétravail qui ont des enfants à charge.