Répression du travail du sexe

Sous le corona, le cishétéropatriarcat

L’arrestation et future expulsion de deux travailleuses du sexe trans* et migrantes remettent au goût du jour la putophobie et transphobie des médias, de l’État et de ses institutions. 

San Diego Gay Pride 2019
San Diego Pride, 2019

En mars dernier, le Conseil fédéral a établi une ordonnance Covid-19 qui interdit le travail du sexe (hors virtuel). Si celle-ci sera levée le 8 juin, cette décision a eu pour conséquence la mise en danger exacerbée de travailleurs·x·euses déjà particulièrement vulnérables, qui se retrouvent de facto dans un chômage qui n’est nullement couvert par l’État. La Brigade de lutte contre la traite des êtres humains et la prostitution illicite (BTPI) a de surcroît renforcé ses activités de surveillance et répression, usant de méthodes d’immersion abusives pour traquer les contrevenant·e·x·s, tel l’usage de fausses identités de clients. 

Une répression qui nous concerne tous·te·x·s

C’est dans ce contexte qu’ont été interpellées à Genève deux travailleuses du sexe (TDS) trans* brésiliennes, contraintes de poursuivre leur activité en raison de leur précarité insurmontable. Le traitement largement putophobe et transphobe de cet événement par les médias est à l’image de la prise en charge policière et juridique de l’affaire. L’arrestation de ces deux femmes, leur emprisonnement en isolement puis la décision de leur expulsion s’inscrivent dans une longue liste de mesures légales et institutionnelles qui compliquent et précarisent les parcours à la fois des TDS, des personnes migrantes, des personnes trans* mais également des communautés LGBTQ+ dans leur ensemble. L’association ASPASIE, qui défend et soutient les droits des travailleurs·x·euses du sexe à Genève, a mis en place un soutien actif aux travailleuses en question et a dénoncé les pratiques fallacieuses de la BTPI. 

Il est plus que jamais nécessaire de mettre en place des politiques de dépénalisation et de prévention ainsi qu’un soutien juridique et sanitaire aux personnes en ayant besoin. La violence structurelle et institutionnelle envers les personnes trans* et les TDS ici à l’œuvre est le fruit d’une politique d’État basée sur le cishétéropatriarcat, dans lequel les dissidences sont matées. 

Les revendications des différentes communautés LGBTQ+, collectifs, associations exigent la fin des violences LGBTQphobes, putophobes et xénophobes, pour une sortie de la crise qui soit queer, féministe et anticapitaliste. 

Clara Almeida Lozar