Initiative pour deux jours fériés supplémentairesCoop et Migros sortent l’artillerie lourde

Initiative pour deux jours fériés supplémentaires
Coop et Migros sortent l’artillerie lourde

Après le rejet du Conseil
d’Etat et de la majorité du Grand Conseil vaudois,
c’est au tour de la droite vaudoise et des milieux
économiques de lancer la campagne contre l’initiative
«2 janvier et lundi de Pentecôte jours de congé pour
toutes et tous». Lancée par les syndicats du canton et la
gauche – dont «solidaritéS» – cette
initiative au titre explicite avait été
déposée en 2004. Fers de lance du refus patronal, Coop et
Migros utiliseront aussi, mais pas seulement, leurs hebdomadaires
gratuits pour mener campagne. Officiellement, depuis le 1er janvier
2006, le canton compte 7 jours fériés, assimilés
à des dimanches (1er août compris). Dans un certain nombre
de branches économiques, la coutume est de concéder aussi
le lundi de Pentecôte et le 2 janvier, sans qu’aucun texte
légal ne la consolide, mis à part quelques conventions
collectives.

Or depuis quelques années, des commerces – principalement
des grandes surfaces de la périphérie lausannoise
à l’origine – ont commencé à ouvrir
ces deux jours. L’initiative vise à mettre un frein
à cette pratique, qui pourrait rapidement s’étendre
à d’autres secteurs, en l’absence de borne
légale.

La réponse des opposants oscille entre le catastrophisme
économique et l’hymne à la liberté de
consommer quand on veut. «Faire ses courses quand on a
congé, prendre son temps, un vrai plaisir» affirme le
tract de la Chambre vaudoise de commerce et d’in- dustrie (CVCI),
qui poursuit: «gardons notre liberté indivi- duelle et
organisons nos loisirs sans contrainte». Le tout sur-
monté d’une illustration de l’horreur
économique pour les patrons des grandes surfaces: un chariot de
courses vide et cadenassé! Le communiqué de presse des
laudateurs du «plaisir de faire ses courses» donne
carrément dans le film-catastrophe: si l’initiative
passait « les commerces vaudois seraient les seuls contraints
à fermer de toute la région francophone environnante.
Cernés par leurs voisins où l’ouverture des
magasins restera légale». Cel avous fait rire? Pas tant
que l’histoire belge racontée par Clau- dine Amstein,
directrice de la CVCI, dont une connaissance du plat pays se dit
gênée par l’impossibilité de faire ses
courses l e di manche et l es jours fériés…

Les ventriloques de la caisse enregistreuse

Le hoquet d’indignation est tel que le président de
l’UDC, Gérald Nicod, en vient même à
dénoncer dans l ’i ni ti ati ve une de «ces vaudoi s
er i es », terme habituellement plus positivement connoté
chez les partisans blochériens du carnotzet et des tirs en
campagne. Il s’était pourtant plus franchement
lâché lors du congrès de l’UDC vaudoise du 26
avril, expliquant que «la campagne, coordonnée par la CVCI
est financée par la grande distribution et aussi par
l’Association des commerçants lausannois» (Le
Courrier, 10.5.2007). Le Centre droit joue donc les larbins des grands
magasins, répétant l’argumentaire fourni
gratuitement par MM. Raymond Léchaire (Coop), Philippe Burki
(Migros), Yann Vaucher (commerçants lausannois) e t Ch a r l e s
– An t o i n e Ko h l e r (Trade Club).

Rappelons qu’en 2006, le bé- néfice net du groupe
Migros a progressé de 7,9% à 754 millions de francs,
atteignant son plus haut niveau de ces der- nières
années; Coop avait pour sa part annoncé une hausse de son
bénéfice net de 14,8%, à 310 millions de francs .
Pour ce qui est de l a «concurrence française»
(l’ennemi principal, selon le directeur de Coop), les grandes
surfaces devraient de- mander à leur petit camarade de jeu, le
groupe Maus (Manor, Manora, Jumbo, Athleticum, Fly) de leur parler de
son allié stratégique, le groupe mondial français
Carrefour…

Des oublis, sûrement…

Nos fanas du code-barre «quand je veux, où je veux»
oublient un peu rapidement que le lundi de Pentecôte est un jour
férié dans les cantons de Berne, du Jura et de
Genève, que le 2 janvier, lorsqu’il tombe un lundi, est
aussi férié dans le canton de Neuchâtel et que les
autres cantons romands – à l’exception,
théorique, de Neuchâtel – comptent non pas 7, mais 9
jours fériés (message du Conseil d’Etat vaudois, p.
5)! La voilà, la vraie «vaudoiserie» que
défend Gérald Nicod et ses compères.

Les grandes surfaces du canton de Vaud ne sont nullement
assiégées par «toute la région f r ancophone
envi r onnant e» mais défendent leurs petits
privilèges, déguisés en «défense de
l’emploi» et en «esprit d’ouverture».
Cette dernière expression représentant, du reste, un jeu
de mots (involontaire?) très représentatif de
l’esprit bout i qui er des oppos ant s à
l’initiative.

Daniel Süri

Service des automobiles et de la navigation (SAN) Signez et faites signer le référendum !

A la raclette – soit à une voix près, c’est
dire si le projet est enthousiasmant! –, le Grand Conseil vaudois
a approuvé, le 17 avril, l’autonomisation du SAN,
l’engageant ainsi sur le chemin de la privatisation. Nos lecteurs
et lectrices vaudois trouveront encarté dans leur journal un
formulaire de signatures pour le référendum lancé
par les syndicats (USV, SUD et FSF), l a gauche (PSV, POP & Gauche
en mouvement, solidaritéS) et un groupe d’usagers des
services publics (Acidus). Ce référendum, dont les motifs
prin- cipaux ont été présentés dans le
n° 106 de notre journal, peut aussi être
téléchargé, avec son argumentaire, sur le site de
solidaritéS (www.solidarites.ch/cas).
Alors, à vos plumes: signez et faites signer le
référendum et renvoyez la carte gratuitement et
rapidement! Le délai référendaire est en effet
bref. (ds)