Elections françaises, lescroc rafle la mise
Elections françaises, lescroc rafle la mise
Aux élections présidentielles, lextrême gauche avait reçu 3 millions de voix, soit 10,4%: 5,72% pour Arlette Laguiller (LO) contre 4,25% pour Olivier Besancenot (LCR), particulièrement soutenu dans la jeunesse. En dépit dun avantage de départ considérable, lié à la notoriété dArlette, LO échouait donc clairement à hégémoniser le vote dextrême gauche. A loccasion du deuxième tour le déchirement de la gauche anticapitaliste allait pourtant se confirmer et sapprofondir, au moment même où elle réussissait à rassembler trois fois plus de voix que le PCF!
Dans la rue, la LCR sest immédiatement impliquée dans les manifestations anti-Le Pen – ce que nous avons fait aussi à Genève – tandis que LO leur accordait un soutien du bout des lèvres, quand elle ne sen faisait pas exclure. Dans les urnes, en revanche, la LCR cédait à lambiguïté, parlant tout dabord de battre Le Pen, pour se résoudre enfin au vote Chirac. De son côté, LO appelait à voter blanc, ce qui était sans doute la moins mauvaise chose à faire, puisque le «triomphe» de Chirac ne pouvait quouvrir la porte à une victoire massive de la droite au Parlement, avec une volonté affirmée de traduire ce coup politique sur le terrain social.
Pourtant, en aucun cas, cette divergence sur les mots dordre du 2e tour ne pouvait justifier le refus de LO de faire un pas, même symbolique, en direction de lunité, en acceptant un accord électoral avec la LCR, alors même que le mode de scrutin propre aux législatives, majoritaire, personnalisé et fragmenté localement, ne donnait aucune chance à lextrême-gauche. Comme on pouvait sy attendre, les résultats ont été nettement plus faibles quaux présidentielles: 2,9% pour lextrême gauche dans son ensemble, avec un avantage pour la LCR (dans 370 des 440 circonscriptions ou les deux organisations présentaient des candidat-e-s, la LCR a recueilli plus de voix que LO).
Ceci donne une résonance particulière à lappel lancé par la LCR en vue de créer une nouvelle formation politique anticapitaliste au niveau national, qui devrait être relayé au plan local par des groupes de militant-e-s représentatifs de secteurs plus larges. La discussion concrète sur un tel projet devrait souvrir en septembre.
Dans le contexte ouvert par les dernières élections françaises, la gauche anticapitaliste a une responsabilité considérable. En opposition à la politique social-libérale du PS, qui est parvenu à satelliser et à affaiblir considérablement ses alliés, il paraît indispensable de construire un pôle anticapitaliste pluraliste et démocratique, capable de défendre une alternative densemble à la hauteur des attentes dune fraction croissante des salarié-e-s et des jeunes qui ont clairement désavoué le gouvernement de la «gauche plurielle».
(jb)