Choisir la vie contre les profits

Choisir la vie contre les profits

Au rythme actuel de la consommation du pétrole, dès 2020
(soit dans une douzaine d’années seulement), la
raréfaction de la ressource obligera les sociétés
capitalistes à trouver ailleurs l’équivalent des
deux tiers de ce qui est brûlé aujourd’hui. Le
nucléaire connaîtra des problèmes similaires,
l’uranium n’étant pas inépuisable, alors que
ses déchets restent mortels et ingérables. La seule
ressource énergétique fossile en quantité
suffisante restera le charbon, qui dégage massivement des gaz
à effets de serre. Alors, on continue la course folle?

En sachant que l’augmentation prévisible des coûts
de l’énergie accroîtra encore la sélection
sociale, l’accès à l’emploi dépendant
de plus en plus de la voiture et donc de l’accès à
la pompe? Et que le renchérissement se manifestera aussi dans
notre assiette: déjà, les biocarburants mettent en
concurrence la production alimentaire et la production
d’énergie.

L’origine de la crise climatique et de la
 raréfaction des ressources réside dans les
mécanismes mêmes de la croissance économique: le
capitalisme produit pour le profit, quel qu’en soit le coût
social et environnemental. Les modes de consommation sont tout entiers
soumis à ce principe. Résultat: au réchauffement
planétaire s’ajoutent la dégradation de
l’air, des eaux, la chute de la biodiversité, les crises
sanitaires et les famines. Le tout inextricablement lié.

Peut-on stopper cet emballement destructeur du système? Il le
faut nécessairement, car nous n’avons qu’une seule
planète. Pour cela, les grandes envolées sur le
«développement durable» ne sont d’aucun
secours. C’est d’actions radicales dont nous avons besoin.
Près de la moitié de l’énergie
importée en Suisse est brûlée par les
bâtiments? C’est que les acteurs économiques du
secteur (promoteurs, entreprises du bâtiment, architectes) les
ont construits n’importe comment. Des normes
sévèrement contraignantes doivent être
imposées. Le camion est devenu le nouveau veau d’or des
entreprises (zéro stock, production en flux tendu, mise en
concurrence des sous-traitants dans toute l’Europe)? Rendons
cette option économiquement insupportable, en augmentant la
redevance poids lourds pour financer un transfert massif de la route au
rail! Imposons la gratuité des transports publics et le refus de
toute nouvelle centrale nucléaire! Priorité absolue
à la vie contre les profits. C’est la seule politique
vraiment réaliste.

Pierre Vanek