Chantiers: l’épreuve de force est engagéeToutes et tous à Zurich le 22 septembre!

Chantiers: l’épreuve de force est engagée
Toutes et tous à Zurich le 22 septembre!

La société suisse des entrepreneurs, emmenée par
son présidentWernerMessmer, conseiller national radical, veut
casser la baraque. Depuis les années 30, les rapports de travail
dans la construction sont réglés par une convention
collective nationale (CN) où sont fixées les lignes
générales des conditions de travail (temps de travail,
salaires minimaux, 13e salaire,sécurité…) Le
bâtiment est en effet une branche avec une forte tradition
syndicale qui remonte à l’origine du syndicalisme dans ce
pays, où les travailleurs immigrés ont toujours
joué un grand rôle. Depuis les années 60,
l’arrivée en nombre de travailleurs italiens et espagnols
sur les chantiers, puis des Portugais, aujourd’huimajoritaires au
moins en Suisse romande, a permis de belles mobilisations qui ont
abouti notamment à un horaire de 40,5 heures hebdomadaires en
moyenne annuelle et à une retraite à 60 ans,
arrachée de haute lutte.

C’est en 2005 que Werner Messmer arrive à la tête de
l’association des employeurs de la branche. Immédiatement,
il a annoncé ses intentions. Pour lui, les conventions
collectives, c’est du passé, maintenant les patrons
doivent être seulsmaîtres à bord. Il entrevoit, avec
l’ouverture des frontières, la possibilité de faire
sauter le système des salairesminimums et de pouvoir
étendre le travail du samedi sans limites. Il pense que le
rapport de forces lui est favorable et qu’il peut infliger une
défaite au syndicat.

Il n’est pas le seul à le penser puisqu’en pleine
émission de la télévision suisse alémanique
ARENA, l’entrepreneur Jenny, conseiller aux Etats UDC glaronnais,
a plaidé pour l’abolition complète des conventions
collectives et des syndicats. A un moment où nous nous
mobilisons contre la campagne raciste de l’UDC, il est
indispensable de rappeler que le parti blochérien est non
seulement raciste, qu’il défend le patriarcat et les
inégalités au dépens des femmes, mais qu’il
est à l’avant-garde du combat de la bourgeoisie pour
intensifier l’exploitation des travailleurs-euses et
accroître la précarité à travers le
démantèlement
de nos assurances sociales notamment…

Pour en revenir à la construction, une grande partie des
employeurs regarde avec intérêt l’offensiveMessmer
en espérant son succèsmais sans trop s’engager
ouvertement eux-mêmes à ce stade, car ils ne sont pas
sûrs de l’issue de la bataille. De notre côté,
pas question de rester sur la touche, le syndicat UNIA a appelé
à une grande manifestation pour le samedi 22 septembre à
Zürich, siège de la Société suisse des
entrepreneurs. Des trains spéciaux partent de toutes les villes.
Sur www.unia.ch vous trouverez toutes les informations à ce
sujet.

Cette manifestation importante sera un test à la fois de la
volonté de résistance des travailleurs du bâtiment
et de la solidarité indispensable de l’ensemble des
couches populaires en défense des droits des salarié-e-s.
En effet, si les patrons peuvent passer dans le bâtiment,
là où le syndicat est relativement fort, alors ils
passeront partout et c’est une nouvelle dégradation du
rapport de forces en défaveur de tous les salarié-e-s qui
est programmée.

De plus, la manifestation n’est qu’une première
étape dans la stratégie syndicale. Dès maintenant,
se préparent les journées d’actions et de
grève qui devront suivre. Les travailleurs du bâtiment ont
besoin de tout notre soutien pour ce combat, particulièrement
difficile dans un pays où la tradition de la grève est
faible. Montrer aux travailleurs du bâtiment que la population
les soutient, est derrière eux, c’est la meilleur
préparation à une victoire syndicale.

Enfin, il faut souligner que les salaires sont au cœur de cette
bataille. Dans le bâtiment il y a une très forte rotation
de personnel, environ 25% des travailleurs change d’employeur
chaque année. C’est donc sur les nouveaux contrats que le
patronat fera porter la pression, car à partir du 1er octobre,
il n’y aura plus de convention en vigueur, donc plus de salaire
minimum contractuel dans la branche.

Or cette situation inacceptable, qui encourage largement le dumping et
la sous-enchère salariale est la norme existante dans de
nombreux secteurs sans conventions collectives ou avec des conventions
qui ne traitent même pas des salaires. Sur cette question,
solidaritéS comme «A Gauche Toute!» dans sa
plateforme 2007 se sont clairement déterminés en faveur
de l’imposition d’un salaire minimum légal. Dans ce
numéro vous trouverez, à ce sujet, la présentation
de deux initiatives, à l’échelle cantonale, qui
vont dans ce sens: celle que notre camarade Jean-Michel Dolivo a
déposée au parlement vaudois et l’initiative
populaire qui va être lancée sous peu au Tessin et dont
nous parle Pino Sergi.

Henri Vuillomenet – Jocelyne Haller