Pour un joyeux mai 2008

Pour un joyeux mai 2008

Durant ses voyages au Vatican et à Riyad, d’une part, et
ses déclarations au Conseil représentatif des
institutions juives en France, d’autre part, le Président
français peaufine et développe sans cesse un copieux
discours sur les religions qui ne laisse pas d’inquiéter
quelques défenseurs des valeurs républicaines. Ainsi, le
nouveau Chanoine de Latran ne cesse de brouiller les pistes en disant
notamment, concernant une prétendue
complémentarité morale, que «jamais un instituteur
ne pourra remplacer un pasteur ou un curé».

La moralité en matière de sexualité, par exemple,
serait alors complémentaire entre les deux camps? La religion
«fonde toute morale», est-il dit par ailleurs. Qui pourrait
nier que face à la transcendance, l’immanence est la
mère de tous les totalitarismes dit l’un de ses gourous
(Henri Guaino) tandis que Denis Tillac, un autre de ses gourous,
ajoute: «Sarkozy a vite senti que l’islamisme deviendrait
la seule alternative au capitalisme mondialisé».

 Quid alors de la laïcité et du sort
réservé aux mécréants? Puisque le mot
clé de la politique de Sarkozy est le mot
«espérance», de quoi s’agit-il? Que nous
promet-il? À quel Royaume de Dieu veut-il nous mener?

Alors qu’on remet partout les catéchismes
monothéistes et leurs collatéraux scientologues et autres
Témoins de Jéhovah au centre de la pensée
politique, on peut s’étonner de la timidité de la
gauche à défendre une priorité de notre
société: la laïcité et le droit
affiché de ne pas croire. Ce serait, prétend-elle, au nom
du respect des croyances, et de la liberté d’opinion
d’autrui qu’elle n’entreprend jamais de croisade
contre «l’opium du peuple». Ainsi par
démagogie électoraliste, favorise-t-elle, entre autres,
les médias religieux, les cimetières confessionnels et
les nouveaux lieux de culte, c’est-à-dire de soumission.

«On n’attaque pas les fondamentaux», comme on dit
aujourd’hui. Soit! mais alors, faut-il brider nos consciences
mécréantes dans l’inconscience des dogmes? …
et applaudir Sarko, tant qu’on y est? Enfin, et ce serait le
comble, remercier l’islam de nous ouvrir les yeux sur
l’arrogance et l’intolérance de tous les
phénomènes religieux?
 S’il y a, comme je l’espère, en mai 2008, un
vaste défilé commémorant Mai 68, j’y
serai… dans le rang des blasphémateurs.

René Cruse, 86 ans et soixante-huitard avancé